CARL ANDRE
Sculpture as place, 1958-2010

Article publié dans la Lettre n° 410
du 11 janvier 2017


 
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CARL ANDRE. Sculpture as place, 1958-2010. Cette exposition itinérante couvre l’ensemble de l’œuvre de cet artiste majeur du XXe siècle, né en 1935 à Quincy, aux Etats-Unis. A côté d’une trentaine de ses sculptures de grandes dimensions, sans être monumentales, bien connues aujourd’hui, nous pouvons voir de nombreux poèmes, des photographies, des œuvres sur papier et des « objets inclassables ».
A travers cette exposition on voit comment travaille cet artiste. Il conçoit ses œuvres à partir des matériaux qu’il trouve à proximité du lieu où il va exposer et les assemble sans les fixer. Il utilise aussi bien du bois que des bottes de foin, des métaux que des briques. Il s’intéresse aux propriétés de la matière : forme, poids, surface ainsi qu’à celles des nombres. C’est ainsi qu’il utilise 137 briques réfractaires - 137 étant un nombre premier, qui ne se divise donc pas - pour concevoir Lever (1966), un alignement de briques. Il en est de même avec ses poèmes, juxtaposition de lettres formant des formes plus que des phrases, selon trois axes : la grille, la liste, la suite mathématique. Ses poèmes, par leur conception, sont des préludes à ses sculptures, qu’il ne pourra réaliser que lorsqu’il disposera de plus de moyens.
Après la présentation de ces poèmes (1958-1973), de petites sculptures (1961-1964), de Dada Forgeries (Contrefaçons dada) (1959-2004) et de quelques autres créations, le parcours nous emmène à la découverte de ses grandes sculptures. Au cours des années soixante, l’artiste a évolué dans sa conception de la sculpture, d’abord comme forme, puis structure et finalement comme lieu, d’où le titre de l’exposition, « sculpture as place ». Carl Andre a toujours fait en sorte de pouvoir déplacer seul ses œuvres, d’où la technique d’assemblage par juxtaposition des éléments utilisés. Ses grandes créations sont toutes démontables et facilement transportables. La première sculpture de cette conception que l’on découvre, Pyramid (Square Plan) (1959 détruite / 1970 refaite) est constituée de pièces de bois identiques fendues en certains endroits à la moitié de l’épaisseur de la planche, selon une technique courante en charpenterie, l’assemblage à entaille.
Dans certains cas il faut un plan d’assemblage précis pour présenter la sculpture. C’est particulièrement évident avec cette œuvre spectaculaire en cèdre rouge, Uncarved Blocks (1975), où chacun des quinze blocs verticaux est accompagné d’un à quatre blocs horizontaux, tous de même taille. Le dispositif est orienté selon les points cardinaux. Le premier groupe dans la première rangée est orienté au nord, le suivant à l’est, le dernier au sud. La séquence se poursuit dans la deuxième rangée, la rotation suivant un sens horaire. Les espacements sont fixés en fonction de la largeur de 30 cm des madriers, disposés selon une grille. Il en est de même avec Sand-Lime Instar (1966 détruite / 1995 reconstruite), ensemble de huit assemblages de 120 briques empilées en deux rangs de 60 combinées de manière différente : 2 x 30 ; 3 x 20 ; 4 x 15 ; 5 x 12 ; 6 x 10  en jouant également sur le petit ou le grand côté de la brique. Un véritable jeu mathématique !
Carl Andre cherche donc à fondre ses sculptures dans le paysage. Il en arrive ainsi à concevoir des œuvres sur lesquelles les visiteurs peuvent marcher. Nous voyons ici 8005 Mönchengladbach Square (1968), assemblages de plaques métalliques de dimensions identiques posées sur le sol et plus loin, l’immense 46 Roaring Forties (Les quarantièmes rugissants) (1988).
Dans certains cas, la sculpture se réfère à des faits connus comme la relation amoureuse entre Pyrame et Thisbé, séparés l’un de l’autre par un mur où se trouvait une petite fissure grâce à laquelle, selon Ovide, ils communiquaient. Pyramus and Thisbe (1990) est composé de deux ensembles de bois disposés selon un plan précis de chaque côté d’un mur.
L’exposition se termine avec un ensemble de cartes postales dessinées par Carl Andre et envoyées à ses amis à partir des années 1970, des livres, des photographies, en particulier celles du Quincy Book (1971), consacré à sa ville natale, et des Petites sculptures (2000-2015), les seuls assemblages qu’il continue de faire après 2010. Une exposition intéressante et ludique, présentée sobrement, avec des cartels très lisibles et des panneaux commentant d’une manière très explicite les œuvres présentées. R.P. Musée d’Art moderne de la Ville de Paris 16e. Jusqu’au 12 février 2017. Lien : www.mam.paris.fr.


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