LES CANONS DE L'ÉLÉGANCE

Article publié dans la Lettre n°492 du 11 décembre 2019



 
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LES CANONS DE L’ÉLÉGANCE. De tout temps les militaires se sont distingués des civils par leurs costumes. Il ne s’agit pas simplement de se reconnaître sur un champ de bataille mais aussi d’affirmer son pouvoir, imposant ainsi le devoir de distinction et le goût du prestige. Avant la Révolution française, la guerre était principalement l’apanage des castes privilégiées qui se signalaient par la beauté, la qualité, voire la richesse des armes et des pièces d’équipement qu’elles arboraient. Malgré des principes égalitaristes, ce goût de la parure a subsisté. L’objet de cette exposition est de nous montrer, avec quelque 220 objets dont la plupart, jamais présentés, sont sortis pour l’occasion des réserves du musée, des pièces exceptionnelles réservées à l’usage exclusif des guerriers d’hier et d’aujourd’hui.
L’exposition commence par la présentation d’objets précieux. Parmi ceux-ci on remarque la magnifique Armure du dauphin, futur Henri II (entre 1536 et 1547), un canon miniature en bronze doré, des armets, une extravagante paire de pistolets impossible à utiliser pour le tir et surtout ce qui reste de l’Épée de diamants de Louis XVI (1784-1789), dont la monture ornée de 2200 pierres précieuses a été dérobée en 1792 alors qu’elle était remisée au Garde-meuble.
Le parcours se poursuit en nous présentant des objets, principalement des costumes et des épées, qui distinguent le souverain et sa garde rapprochée. Les civils, par exemple l’Académie française, adopteront eux-aussi ces codes. Les tenues militaires, surtout à partir du XVIIe siècle permettent aussi d’affirmer la hiérarchie de son rang, tant au sein de la troupe qu’auprès des civils. Les plus riches en profitent pour se doter d’armes ou d’habits somptueux, réalisés avec des matériaux recherchés.
L’élégance se manifeste aussi dans les cadeaux et récompenses que l’on offre dans diverses occasions. Cela peut être une décoration, comme la Légion d’honneur créée par Napoléon Bonaparte pour récompenser aussi bien un maréchal qu’un simple grenadier. Cela peut être aussi un objet de grande valeur comme ce pistolet à silex garni de pierres fines destiné par Napoléon Ier au chérif du Maroc … mais qui ne fut jamais livré ! Nous avons de nombreux exemples de tels objets dans cette partie du parcours. Parmi ceux-ci, outre le pistolet à silex déjà cité, remarquons cette Épée d’honneur offerte au commandant Marchand par le journal La Patrie (vers 1899) et ce Sabre de récompense nationale d’officier général (1795-1799). Autre objet somptueux exposé dans cette section, un harnachement de mamelouk recueilli sur le champ de bataille des Pyramides. Malgré ces harnachements impressionnants, les cavaliers du sultan furent défaits par l’armée de Bonaparte.
Les dernières sections montrent d’autres exemples d’objets étonnants, certains en ivoire comme ces crosses de pistolet à silex (vers 1660) où cette épée de cour (vers 1650) dont la monture représente deux des travaux d’Hercule, d’autres en métaux précieux et émail comme ce Collier de l’Ordre de Saint-André (vers 1868). Nous y voyons aussi d’autres uniformes, certains plus voyants que d’autres comme ceux des musiciens qui se distinguaient en marchant en tête des troupes.
Avec « Le prestige du troupier » l’exposition se termine avec des tenues de combat d’aujourd’hui qui se dissocient des tenues de cérémonie. Néanmoins la mode s’empare de ces nouveaux matériaux et l’on voit apparaître des vêtements faits avec du treillis ou du kaki, créés parfois par de grands couturiers comme Raf Simons, Dries van Noten ou Jean Paul Gaultier. Une exposition qui ne laisse pas indifférent grâce à un ensemble d’objets rares et somptueux. R.P. Musée de l’Armée 7e. Jusqu’au 26 janvier 2020. Lien : www.musee-armee.fr.


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