CALDER-PICASSO

Article publié dans la Lettre n°481 du 12 juin 2019



 
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CALDER-PICASSO. Cette exposition a pour but de montrer que ces deux artistes contemporains, Pablo Picasso (1881-1973) et Alexander Calder (1898-1976), se rejoignent dans leurs recherches, l’usage de certains matériaux et le choix de leurs sujets.
Dans la première des douze sections du parcours on voit des maquettes en fil de fer réalisées par Picasso en 1928 pour un projet de monument à Apollinaire. Si ces « statues en rien » furent toutes refusées, elles témoignent néanmoins de la volonté de son auteur d’explorer le vide, comme le fera Calder avec ses mobiles. C’est ce thème du vide qui a guidé les commissaires dans la conception de cette exposition.
En 1931 Picasso rencontre Calder dans la galerie Percier où ce dernier expose, pour la première fois, ses sculptures non objectives. Ces objets reposent sur le sol et sont mis en mouvement par des courants d’air ou des interventions humaines. Marcel Duchamp trouve un nom à ces objets abstraits cinétiques : « mobiles », un mot qui en français fait référence à la « cause » et au « déplacement ». Deux de ces objets exposés dans la galerie Percier sont présentés ici dans la deuxième section (« Capturer le vide »). Plus tard, en 1932, Calder crée son premier mobile suspendu.
Avec « Dessiner dans l’espace » on découvre des sculptures en fil de fer, quasiment planes, représentant des personnages tels Médusa, un Acrobate ou Joséphine Baker (vers 1928). De son côté Picasso réalise une Figure (1935) avec des objets de cuisine, du bois et de la ficelle. Dans la salle suivante, c’est la similitude dans le traitement des formes par Picasso, entre ses sculptures et ses peintures dans les années 1930, qui est frappante. Dans les deux cas l’élaboration se fait par adjonction de formes organiques sans chercher une « ressemblance » objective. Plus loin on trouve des toiles de Picasso intitulées Portrait de jeune fille (1936) et Femme (1946). Les sujets sont figurés par des formes sculptées en creux, des fils de fer pour l’une, des tôles pour l’autre, comme si l’artiste avait peint de véritables sculptures.
Le parcours continue au premier étage de l’ancien Hôtel Salé où l’on peut admirer, dans le magnifique escalier, seul endroit resté comme à l’origine, plusieurs grands mobiles de Calder suspendus au plafond. Après des peintures de leurs ateliers respectifs, tous les deux très encombrés, par Calder en 1955 et par Picasso en 1956, on arrive dans la section « Vanité ». Le centre de la pièce est occupé par trois des six sculptures sur le thème des Baigneurs réalisées par Picasso lors du tournage du film de Clouzot, Le Mystère Picasso (1955). Il s’agit de quasi silhouettes découpées, réalisées à partir de morceaux de bois et d’objets trouvés détournés, assemblées, puis tirées en bronze.
Avec « Faire et défaire » on peut voir la série complète des onze lithographies du Taureau, dessinées par Picasso en un mois et demi en 1945-1946. L’artiste part d’une représentation très « classique » qu’il réduit graduellement à une forme épurée, avec une seule ligne. C’est fascinant !
Dans la salle suivante, à côté d’une sculpture virtuose de Picasso représentant une Petite Fille sautant à la corde (1950), nous avons plusieurs petites sculptures de Calder représentant des personnages en équilibre, comme cette Danseuse (1944). En fait il s’agit de maquettes pour des œuvres en béton précontraint, qui auraient eu entre 9 et 12 mètres de haut, dangereusement suspendues au-dessus d’une place fréquentée par les piétons.
La section suivante nous montre l’habileté de ces deux artistes à créer des formes avec des morceaux de tôles découpées et pliées. On reconnaît sans ambiguïté la Chaise (1961) ou la Tête de Femme (1962) de Picasso. Quant à Calder, nous avons de lui, en particulier, Le Valentin de Louisa, un cadeau ravissant offert à sa femme à l’occasion de cette fête, représentant un cœur découpé au milieu d’une tôle, avec un petit mobile au centre du cœur.
L’exposition se termine avec un « stabile » de Calder, presqu’aussi grand que celui que l’on a pu voir dans la cour (Sabot, 1963). Il s’agit d’une maquette intermédiaire au 1/5, aux dimensions déjà impressionnantes (259 x 343 x 236,2 cm), de La Grande vitesse (1969), installée sur une place de Grand Rapids dans le Michigan. Un mobile de Calder et deux nus audacieux de Picasso, Nu couché (1967) et Femme à l’oreiller (1969) complètent cette salle. Une exposition étonnante, bénéficiant d’une belle scénographie, montrant que ces artistes dont les œuvres semblent globalement si différentes ont effectivement de nombreux points communs. R.P. Musée Picasso Paris 3e. Jusqu’au 25 août 2019. Lien : www.musee-picasso.fr.


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