Parcours en images et en vidéos de l'exposition

BERTILLE BAK
Abus de souffle

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°591 du 10 avril 2024




Titre de l'exposition
 
Détournant les représentations habituelles de communautés marginalisées ou invisibilisées, l'œuvre de Bertille Bak (née en 1983 à Arras) met en scène des populations, des rituels ou des situations qu’elle subvertit avec la complicité des protagonistes eux-mêmes.

Sans scénario préalable, l'artiste s'immerge dans le mode de vie d’un groupe - l'équipage d’un bateau de croisière à Saint-Nazaire, des cireurs de chaussures à La Paz, de jeunes mineurs indiens, indonésiens ou thaïlandais, des demandeuses d'asile résidant à Pau, des artisans dans la médina de Tétouan. Elle évolue à leur contact, observe leurs rites leurs gestes et leurs objets, avant d'y instiller de nouvelles règles et des artifices en tout genre. Bertille Bak conçoit dès lors avec ces communautés des rituels collectifs qui produisent une image d’elles-mêmes émancipatrice, libérée des clichés véhiculés tant par des documentaires misérabilistes que par un discours activiste basique. Loin de banaliser leurs conditions de vie précaires, Bertille Bak montre ces réalités le plus souvent faussées par l'imaginaire collectif, et donne aux premiers concernés les moyens de se raconter par des chemins détournés. Ensemble, ils façonnent des récits fictionnels, des histoires qui bousculent l’ordre établi et le sentiment de fatalité, puis elle leur propose de recourir à la performance et au théâtre.

Bertille Bak (née en 1983 à Arras).
 

Bertille Bak place la question du travail au centre de ses projets. Elle fait appel à des savoir-faire et à des moyens de production préindustriels comme à autant d'actes militants relevés d’une note de fantaisie et d'humour. L'action prévaut sur l'esthétique. Les images sont trafiquées au moyen d'effets spéciaux bidouillés et low-tech inspirés des jeux d'arcade ou bien avec des techniques du cinéma primitif: montage accéléré, décors en carton-pâte, bruitages désynchronisés. Il en ressort un ton léger, en contrepoint de la profondeur des sujets traités. Bertille Bak ne cherche pas à créer une illusion de vraisemblance, mais à dévoiler les coulisses de la construction de toute image et à avertir le public, d'une manière à la fois tendre et loufoque, que l’art n'est qu'un simulacre - tout comme la vie, peut-être.

 

Cette exposition réunit des œuvres créées par Bertille Bak au cours des dix dernières années. L'artiste y interroge la mondialisation, sa cartographie, les relations de dépendance et d'inégalité induites, elle vise ainsi à rendre compte de la prolifération des connexions entre les pays et, paradoxalement, de l’obstruction des frontières qui en découle.
Le titre « Abus de souffle » est emprunté à la vidéo spécialement réalisée pour l'exposition, qui relie entre elles les pièces présentées: ce travail met en lumière un monde globalisé aux rapports spectaculairement asymétriques, soulignant les relations économiques féroces qui font se rencontrer le proche et le lointain en un intense brouillard géographique.

Texte du panneau didactique.
Bertille Bak. Abus de souffle, 2024. Collection de gabarits de soufflets. Production: Jeu de Paume et la Fondation des Artistes.
Ce projet a été sélectionné par la commission mécénat de la Fondation des Artistes qui lui a apporté son soutien.


1 - Le Tour de Babel
Les Complaisants
La Marée mise à nu par ses célibataires, même

Scénographie
L'artiste s’est fait embaucher dans un Seamen's Club afin de faciliter les échanges avec des marins en escale auxquels elle a demandé de lui céder une mèche de cheveux, matériau qui lui servirait pour la réalisation des Complaisants. Elle a ainsi confectionné une série de marqueteries représentant tous les pavillons dits «de complaisance», ceux-là mêmes que recherchent les armateurs soucieux d’immatriculer leurs navires dans un État dont le cadre légal est peu contraignant, notamment en matière de droit du travail. Ces tableaux, inspirés d'un passe-temps apprécié autrefois durant les longues périodes de navigation, évoquent précisément une situation de non-droit, personnifiée ici par les cheveux des marins eux-mêmes.
 
Texte du panneau didactique.
 
Bertille Bak. Les complaisants, 2014. Marqueteries de cheveux, cadres de métal. Série de 35 pièces uniques, 17,5 × 22,5 × 5 cm chacune. Production : Le Grand Café, centre d’art contemporain, Saint-Nazaire. Quenza Collection, États-Unis. Courtesy de l’artiste, de la Galerie Xippas Paris, Genève et Punta del Este et de The Gallery Apart, Rome. © Adagp, Paris, 2024.
Bertille Bak. Les complaisants, 2014. Marqueteries de cheveux, cadres de métal. Série de 35 pièces uniques, 17,5 × 22,5 × 5 cm chacune. Production : Le Grand Café, centre d’art contemporain, Saint-Nazaire. Quenza Collection, États-Unis.
 
Bertille Bak. Le Tour de Babel, 2014. Vidéo HD 16/9, couleur, son stéréo, 22 min. Production : Le Grand Café, centre d’art contemporain, Saint-Nazaire. Courtesy de l’artiste, de la Galerie Xippas Paris, Genève et Punta del Este et de The Gallery Apart, Rome. © Adagp, Paris, 2024.


2 - Mineur Mineur

Bertille Bak. Mineur Mineur, 2022. Installation, 5 vidéos HD 16/9 synchronisées sur écrans verticaux, couleur, son stéréo, 15 min. Avec le soutien du réseau Eau de Coco, de l’ONG Bel Avenir, de Coalfield Children Classes et de l’association Musol. Production : Fondation des Artistes, Institut français et La Criée centre d’art contemporain, Rennes. Ce projet a été sélectionné par la commission mécénat de la Fondation des Artistes qui lui a apporté son soutien.
Mineur Mineur

Cette pièce fait écho au bassin minier du Pas-de-Calais où est ancré un pan de l’histoire familiale de Bertille Bak. Dans ce projet, l'artiste aborde le travail des enfants à l'époque actuelle: en Inde, où les enfants extraient du charbon: en Indonésie, de l’étain; en Thaïlande, de l'or; en Bolivie, de l'argent; à Madagascar, des saphirs. Pour produire ces cinq vidéos, Bertille Bak, contrainte de repenser ses modalités de travail a mené un tournage à distance, en coopération avec des associations militant pour la scolarisation des enfants mineurs et confié la captation à des preneurs d'images locaux. L'œuvre prend le contre-pied de cette condition dramatique et se présente comme le récit d'une action commune où ces jeunes forçats sortent des souterrains pour jouer une kermesse désenchantée. Ainsi le drame est-il métamorphosé en activité ludique et innocente. Les enfants deviennent, au fil de la représentation, des balises éclairant leur propre condition, avant d’être à nouveau propulsés dans les boyaux sordides et redoutables de la terre

 
Texte du panneau didactique.
 
Bertille Bak. Mineur Mineur, 2022. Installation, 5 vidéos HD 16/9 synchronisées sur écrans verticaux, couleur, son stéréo, 15 min. Courtesy de l’artiste, de la Galerie Xippas Paris, Genève et Punta del Este et de The Gallery Apart, Rome. © Adagp, Paris, 2024.


3 - La Brigada

Bertille Bak. La Brigada, 2018–2024. Vidéo HD 16/9, couleur, son stéréo, 12 min et série de boîtes de cireur.
La Brigada

Réalisée avec un groupe de cireurs de chaussures à La Paz, capitale de la Bolivie, La Brigada s'intéresse à cette corporation méprisée et fragile. Ces hommes et ces femmes, tous cagoulés pour ne pas être reconnus, attirent l'attention des passants en frappant sur leurs petites boîtes en bois colorées. Dans des chorégraphies martiales, Bertille Bak les invite à sortir de leur position sociale précaire pour constituer une brigade de défense du soulier lustré. Une collection de boîtes de cireur peintes par leurs propriétaires complète cette pièce, mettant en lumière l'humanité et la singularité de chacun de ces êtres «invisibles».
 
Texte du panneau didactique.
 
Bertille Bak. La Brigada, 2018–2024. Vidéo HD 16/9, couleur, son stéréo, 12 min et série de boîtes de cireur. Production : ambassade de France en Bolivie, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, Jeu de Paume et Bertille Bak © Aurélien Mole. Courtesy de l’artiste, de la Galerie Xippas Paris, Genève et Punta del Este et de The Gallery Apart, Rome. © Adagp, Paris, 2024.
Bertille Bak. La Brigada, 2018–2024. Vidéo HD 16/9, couleur, son stéréo, 12 min et série de boîtes de cireur.
 
 
 
Bertille Bak. La Brigada, 2018–2024. Vidéo HD 16/9, couleur, son stéréo, 12 min et série de boîtes de cireur.
Bertille Bak. La Brigada, 2018–2024. Vidéo HD 16/9, couleur, son stéréo, 12 min et série de boîtes de cireur. Production : ambassade de France en Bolivie, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, Jeu de Paume et Bertille Bak. Courtesy de l’artiste, de la Galerie Xippas Paris, Genève et Punta del Este et de The Gallery Apart, Rome. © Adagp, Paris, 2024.
 
Bertille Bak. La Brigada, 2018–2024. Vidéo HD 16/9, couleur, son stéréo, 12 min et série de boîtes de cireur. Production : ambassade de France en Bolivie, La Criée centre d’art contemporain, Rennes, Jeu de Paume et Bertille Bak. Courtesy de l’artiste, de la Galerie Xippas Paris, Genève et Punta del Este et de The Gallery Apart, Rome. © Adagp, Paris, 2024.
 


4 - Figures imposées

Bertille Bak. Figures imposées, 2015. Vidéo HD 16/9, couleur, son stéréo, 16 min. Commande de la Maison des femmes du Hédas, Pau, réalisée dans le cadre de l’action Nouveaux Commanditaires proposée par la Fondation de France. Avec le soutien de la direction régionale des Affaires culturelles d’Aquitaine, du conseil régional d’Aquitaine et de la Fondation Daniel et Nina Carasso. Médiateur-producteur: Pointdefuite. Courtesy de l’artiste, de la Galerie Xippas Paris, Genève et Punta del Este et de The Gallery Apart, Rome. © Adagp, Paris, 2024.
Figures imposées

Cette vidéo a été commanditée par la Maison des femmes du Hédas. Implantée à Pau, dans le Béarn (Pyrénées-Atlantiques), la Maison a accueilli pendant plus de trente ans des femmes de toutes nationalités, qui avaient souvent en commun l’expérience de la précarité et celle de l’exil ou de l’'émigration. L'œuvre, réalisée sur la base de leurs propres histoires, présente les préparatifs au départ avec des séances d'entraînement physique, ainsi que le passage clandestin des frontières dans une cache exiguë à bord d’un camion ou d’un avion. Les scènes principales du film ont été tournées dans l’ancien camp de Gurs, où furent internés plusieurs dizaines de milliers d'étrangers entre 1939 et 1945, essentiellement des Républicains espagnols cherchant refuge sur le territoire français après la victoire de Franco et des juifs immigrés où allemands refoulés sur le territoire français.
 
Texte du panneau didactique.
 

Bertille Bak. Figures imposées, 2015. Vidéo HD 16/9, couleur, son stéréo, 16 min. Commande de la Maison des femmes du Hédas, Pau, réalisée dans le cadre de l’action Nouveaux Commanditaires proposée par la Fondation de France. Avec le soutien de la direction régionale des Affaires culturelles d’Aquitaine, du conseil régional d’Aquitaine et de la Fondation Daniel et Nina Carasso. Médiateur-producteur: Pointdefuite. Courtesy de l’artiste, de la Galerie Xippas Paris, Genève et Punta del Este et de The Gallery Apart, Rome. © Adagp, Paris, 2024.



5 - Usine à divertissement

Bertille Bak. Usine à divertissement, 2016. Triptyque vidéo HD 16/9, couleur, son stéréo, 20 min. Avec le soutien du Fonds Municipal d’art contemporain de la Ville de Genève, du Fonds d’art contemporain du Canton de Genève, du Faena Art Center, Buenos Aires, de la Fondazione In Between Art Film, Rome et de la HEAD Genève.
Usine à divertissement

L'industrie contemporaine du tourisme ethnique tend à uniformiser le folklore local. Les trois volets de ce triptyque font intervenir respectivement des villageois de la montagne Blanche, dans la province de Tétouan au Maroc, une tribu Lahu au nord de la Thaïlande et des Camarguais dans le sud de la France. La réflexion menée avec ces groupes a porté sur le fait d’incarner un parfait divertissement pour des touristes avides d’exotisme et d'authenticité, puis de pousser à l'extrême la parodie de leur propre culture et d'en imaginer une copie trafiquée. Ce travestissement culturel proposé en réponse aux expectatives touristiques débouche sur des scènes absurdes évoquant un parc d'attraction ou une exposition coloniale.
 
Texte du panneau didactique.
 
Bertille Bak. Usine à divertissement, 2016. Triptyque vidéo HD 16/9, couleur, son stéréo, 20 min. Avec le soutien du Fonds Municipal d’art contemporain de la Ville de Genève, du Fonds d’art contemporain du Canton de Genève, du Faena Art Center, Buenos Aires, de la Fondazione In Between Art Film, Rome et de la HEAD Genève. Courtesy de l’artiste, de la Galerie Xippas Paris, Genève et Punta del Este et de The Gallery Apart, Rome. © Adagp, Paris, 2024.


6 - Abus de souffle

Bertille Bak. Abus de souffle, 2024. Double projection en boucle. Durée: 9 min. Production: Jeu de Paume et la Fondation des Artistes.
Ce projet a été sélectionné par la commission mécénat de la Fondation des Artistes qui lui a apporté son soutien.
Abus de souffle

Pour Abus de souffle, réalisée à l’occasion de l'exposition, Bertille Bak est retournée dans le nord du Maroc, à Tétouan, où elle avait déjà filmé Boussa from the Netherlands 1 et 3, également présentées dans ces salles. Cette fois, l'artiste a choisi de travailler avec le dernier artisan spécialisé dans la fabrication de soufflets servant à attiser le feu, appelés localement Rabouz. L'artiste a conçu cette installation pour entrer en dialogue avec l’ensemble des œuvres exposées, qui toutes questionnent les réagencements cartographiques du monde, les trajectoires internationales et les inégalités qu’elles engendrent. Les échanges entre pays sont en effet incessants, mais leur équilibre reste fragile, car ils sont souvent inscrits dans un rapport asymétrique de domination et de subordination.

 
Texte du panneau didactique.
 
Bertille Bak. Abus de souffle, 2024. Double projection en boucle. Durée: 9 min.
Bertille Bak. Abus de souffle, 2024. Double projection en boucle. Durée: 9 min. Production: Jeu de Paume et la Fondation des Artistes.
Ce projet a été sélectionné par la commission mécénat de la Fondation des Artistes qui lui a apporté son soutien.


7 - Boussa from the Netherlands 1
Boussa from the Netherlands 2
Boussa from the Netherlands 3

Bertille Bak. Boussa from the Netherlands 3, 2017. Vidéo HD 16/9, couleur, son stéréo, 2:30 min. Courtesy de l’artiste, de la Galerie Xippas Paris, Genève et Punta del Este et de The Gallery Apart, Rome. © Adagp, Paris, 2024.
Boussa from the Netherlands

Pour réaliser ce projet, Bertille Bak est allée dans le nord du Maroc à la rencontre de décortiqueuses de crevettes grises travaillant pour une entreprise néerlandaise. Les crevettes sont pêchées aux Pays-Bas, puis transportées dans des camions réfrigérés pour être préparées à Tétouan, avant d'être renvoyées à leur point de départ et, enfin, commercialisées.

Boussa from the Netherlands 1 montre ces ouvrières, main-d'œuvre bon marché pour les firmes multinationales et rémunérées à la tâche, exerçant leur activité dans des conditions déplorables, sans bénéficier d'aucune protection sociale.
 
En collaboration avec elles, l'artiste a récupéré la seule partie du crustacé non exploitée: ses yeux, pour en garnir des bouteilles-souvenirs aux couleurs et motifs des drapeaux marocains et néerlandais. Ces bouteilles-souvenirs du long voyage des crevettes, patiemment confectionnées, proposent sous les dehors d’un passe-temps désuet et saugrenu une dénonciation de l'exploitation par le travail, en même temps qu’une réponse à l’absurdité des circuits Industriels et commerciaux dictés par le capitalisme globalisé (Boussa from the Netherlands 2).

 
Boussa from the Netherlands 3 présente les travailleuses marocaines déguisées en sirènes et entonnant L'Internationale en néerlandais. Portées par la promesse d’émancipation des paroles de ce chant révolutionnaire emblématique des luttes sociales, les femmes sont néanmoins contraintes de former un chœur dans une langue qu'elles ne maîtrisent pas.

Le titre du projet renvoie ironiquement au «tourisme» des crustacés ainsi qu’aux conditions de travail des ouvrières éloignées en une formule de carte postale que l’on peut traduire par «Bons baisers des Pays-Bas» - boussa signifiant «baiser» en arabe.

Texte du panneau didactique
 
Bertille Bak. Boussa from the Netherlands 1, 2017. Vidéo HD 16/9, couleur, son stéréo, 19 min.
 
Bertille Bak. Boussa from the Netherlands 1, 2017. Vidéo HD 16/9, couleur, son stéréo, 19 min. Courtesy de l’artiste, de la Galerie Xippas Paris, Genève et Punta del Este et de The Gallery Apart, Rome. © Adagp, Paris, 2024.
 
Bertille Bak. Boussa from the Netherlands 2, 2017. Bouteilles, Yeux de crevettes, acrylique, liège, métal.
Collection Frac Grand Large Hauts-de-France. Collection privée, Suisse. Collezione Renato Carraffa, Roma.
 
Bertille Bak. Boussa from the Netherlands 3, 2017. Vidéo HD 16/9, couleur, son stéréo, 2:30 min.