Parcours en images de l'exposition

BEAU DOUBLÉ, MONSIEUR LE MARQUIS !
SOPHIE CALLE et son invitée SERENA CARONE

avec des visuels mis à la disposition de la presse,
et nos propres prises de vue


Parcours accompagnant l'article publié dans le supplément à la Lettre n°447, du 7 février 2018

 

Salle 1
Sophie Calle et Serena Carone. © Musée de la Chasse et de la Nature, Paris, 2017 - Thilo Hoffmann.
 

Sous ce drap, il y a le nounours blanc. Au début il me faisait peur, mais je me
suis approchée et j’ai fini par m’habituer. Il y a de la gentillesse dans son regard.
On dirait une immense peluche. Tous les dix jours, avec une petite éponge, je
lui nettoie les ongles et la bouche. C’est le seul que je caresse ◊ Sous ce drap,
il y a un grand ours blanc d’Alaska de plus de 2,70 mètres, imposant mais
attachant, avec de grosses pattes et des griffes toujours actives, mais des bras
accueillants dans lesquels on a envie de se lover. Sa force, c’est sa taille, mais
c’est un animal comme un autre, plus ou moins vivant vu qu’il ne bouge plus,
mais plus vivant qu’une commode ◊ Dessous il y a un ours blanc naturalisé
debout, fixé au sol, un poil plus jaune que blanc, des pattes griffues qui font
penser à des bras, dressé sur ses membres postérieurs, légèrement penché, une
posture très anthropomorphique. En plus il est souriant, et le sourire n’est pas
le propre de la bête ! Il a même l’air de rire. Mais il ne fait pas rire, ce n’est
pas un ours de cirque, on n’a pas envie de l’humilier. C’est une star. Tout le
monde veut être photographié avec lui. Avec la mode du selfie, un visiteur
sur deux pose à ses côtés. C’est le plus humain de nos animaux ◊ Sous ce
drap, il y a un objet sympathique, pas un animal. Je n’ai pas de sentiments
pour les animaux empaillés. L’expression du visage, je n’ai pas le temps de
l’observer. Je fais mon taf. On me dit de le bouger, je le bouge, on me dit de le
démonter, je le démonte. Il est lourd et ses griffes blessent. Ici, ça nous arrive
de nous faire agresser par des animaux morts ◊ Sous ce drap, je pense que
c’est un ours. Un animal qui, comme un humain, arrive à se tenir sur deux
pattes, blanc il me semble, joli, mais je ne le croise jamais vu que je suis au
service financier. Que vous dire de plus ? Il serait plutôt du genre masculin. Il
vous regarde sans vous regarder, et nous, on le voit mais on ne le regarde pas.
L’expression de la face d’un ours ? Je serais bien incapable de la décrire… ◊
Un ours sympathique avec des petits yeux rieurs, un bon sourire. Il évoque
la tendresse, la douceur, la sécurité. J’observe cette chose de 2,50 mètres et je
revois mon doudou. Son poil est soyeux, fourni, mis à part quelques usures
au niveau du nez. Posé à même le sol, impressionnant par sa taille mais pas
l’air méchant. Bras tendus, il vous propose de venir vous blottir contre lui.
Sous ce drap, son côté anthropomorphique est encore accentué. Comme il
n’a pas une grande carrure, ça devient une silhouette de géant. Comme pour
les êtres aimés, je le vois plus que je ne le regarde ◊ Il est là, tellement là,
tellement présent, tellement visible, qu’on ne le voit pas… Je ressens pour
lui fascination et répulsion, je le crains sans le craindre. Il continue à faire
peur mais il est fragile. Un ambassadeur pacifique du monde sauvage. Entre
jouet et frousse, entre enfance et âge adulte. Une expression assez neutre, ni
sympathique ni terrifiante. Les pattes sont griffues, mais les poils rassurants.
Un animal qu’on imagine tout seul sur sa banquise. Aujourd’hui plus menacé
que menaçant. Je préfère ne pas savoir comment il a été tué et je n’aime pas
l’imaginer sous ce drap, c’est comme s’il mourait deux fois ◊ Il était là
avant moi, il m’attendait. Quand je suis arrivé en 1996, il était derrière une
porte, dans la salle du colt de David Crockett. Il semble maintenant assez
content d’être parmi les oiseaux, et comme il est très avenant, les visiteurs
sont attirés par lui. Dans la nature il fait peur, ici la question ne se pose pas.
Toute sorte de violence est édulcorée. C’est un vieil habitant du musée, celui
avec lequel on se fait prendre en photo. Il établit un lien avec l’imaginaire
enfantin. Quand je le contemple, je vois toujours un animal vivant, mais
sous ce drap il meurt, il redevient un objet. C’est comme si on fermait les
portes du musée, comme dans une maison abandonnée après les vacances,
quand on recouvre les meubles et qu’on la met en attente… ◊ Sous ce drap,
il y a, je présume, un animal, puisqu’on est quand même dans un musée
de la Chasse… Des narines apparaissent. On devine un museau, une tête
allongée. Les proportions sont impressionnantes, j’imagine un animal dressé
sur ses pattes arrière... Maintenant que vous me dites que c’est un ours blanc,
je vois plutôt un fantôme, vu que les ours sont en train de disparaître avec la
banquise qui fond. Mais un fantôme qui ne ferait pas peur ◊ C’est un ours
blanc d’Alaska, chassé en 1965 par un Américain qui l’a gardé deux ans avec
lui avant de l’offrir au musée. Il est arrivé le 1er juillet 1967. Il fait 2,45 mètres
et près de quatre cents kilos. L’ours sait qu’il n’a pas de prédateur, il chasse
seulement quand il a faim, d’où une sûreté de soi. Je retrouve cette sagesse dans
son regard. Il domine. C’est lui qui nous reçoit. Je l’ai appelé Victor, comme
ça, au hasard, hop, Victor, vingt ans que je le connais, le seul auquel je parle ◊
Sous ce drap, c’est l’ours. Inutile de lui donner un nom. Comme dans les familles
aristocratiques quand il n’y a qu’une seule fille et qu’on l’appelle Mademoiselle
sans préciser le prénom ◊ Je l’appelle l’ours blanc, point. C’est le personnage
principal du musée qui est là-dessous. Les gens parlent de lui plus que des
autres. Il prend beaucoup de place dans tous les sens du terme. Il est sous
ma protection et sa popularité me donne de l’importance. Chez nous, on
recouvre les morts avec un drap blanc… Si notre ours nous quittait, ce serait
une perte douloureuse ◊ Sous ce drap, il y a l’âme du musée. Un doudou
plutôt qu’une bête sauvage. Un ours, on en a tous eu un sur son lit. C’est le
confident des moments difficiles. Dans mon pays, les femmes portent, le jour
du mariage, un voile blanc qui les cache intégralement. Alors, il me fait penser
à une mariée. Un peu grande… ◊ C’est notre mascotte. Sous ce drap, il a un
côté monastique. Pudeur, blancheur et recouvrement. Le fantôme du musée.

L'Ours blanc du musée, recouvert d'un drap par Sophie Calle
 
Texte rédigé par Sophie Calle après des interviews du personnel du musée.
 
Sophie Calle. L’ours, diptyque, 2017. © Sophie Calle / ADAGP.
 
Sophie Calle. C KI, 2017. Boitier, 36 x 23,5 cm.
Texte sous le cadre :

Supprimer le contact. Pas facile.
Quand mon père est mort, je n’ai pas effacé son numéro de mon téléphone.
Hier, par mégarde, je l’ai composé avant de raccrocher aussitôt.
Peu après, son portrait et son nom se sont affichés sur l’écran.
Bob m’envoyait un message.

Salle 2
 

Serena Carone. Ce que je vois, 1994. Verre, plâtre et huile.

 

 

 

 

 

Sophie Calle. Infarctus silencieux / Silent Heart Attack, 2017. Photographie couleur, texte, cadres en bois. Texte : 50 x 50 cm Photo : 76,5 x 76,5 cm. © Sophie Calle / ADAGP, Paris, 2017. Courtesy Perrotin.
 
Texte de Infarctus silencieux.
Salle 3
 

Sophie Calle. Souris, 2017. Photographie couleur et texte, 66 x 40 cm / 40 x 40 cm. © Sophie Calle / ADAGP, Paris 2017. Courtesy Perrotin
 
Salle 4
Serena Carone. Deuil pour deuil, ensemble, 2017. Faïence émaillée. La sculpture est accompagnée d’un texte de Sophie Calle intitulé Mes Morts et entourée d’animaux naturalisés de sa collection particulière.
 
Serena Carone. Deuil pour deuil, détails, 2017. Faïence émaillée. La sculpture est accompagnée d’un texte de Sophie Calle intitulé Mes Morts et entourée d’animaux naturalisés de sa collection particulière.
Salle 5
Serena Carone. Cent chauves-souris (ensemble, hors exposition), 2012. Faïence émaillée. © Béatrice Hatala.

Serena Carone. Cent chauves-souris (détail, in situ), 2012. Faïence émaillée.

 

Salle 6
Serena Carone. Saumons, 2015. Cire.
 
Sophie Calle. Pêchez des idées chez votre poissonnier, 2017. Vidéo (durée : 3’44’’).
 
Serena Carone. Saumons (détail), 2015. Cire.
Salle 7
Sophie Calle. Fathers, 2017 (ensemble). 7 photographies couleur, 33 x 47 cm / 47 x 33 cm.
 
Sophie Calle. Fathers, Série, 2017 (détail). © Sophie Calle / ADAGP.
 
Sophie Calle. Fathers, Série, 2017 (détail). © Sophie Calle / ADAGP.
Cabinet du cerf et du loup
Scénographie
 
Scénographie avec 2 textes de Histoires vraies (voir page à part).

 

Cliquez ici pour lire d'autres
Histoires vraies présentées dans cette exposition.

 

 
Le cerf, décoré par Sophie Calle.
Scénographie
 
Sophie Calle. © Musée de la Chasse et de la Nature, Paris, 2017 - Thilo Hoffmann.
 
Serena Carone. Rêveuse, 2014. Faïence.
Salon des chiens
Serena Carone. Monsieur le loup, 2003. 3 objets en mousse expansive. © Photo Béatrice Natale 03.10.2017.
Salon des oiseaux
 
Serena Carone. Poulet, 2000. © Photo Béatrice Natale 03.10.2017.
 
Scénographie
Salle des trophées
 
Scénographie avec, de Serena Carone, Homme papillon, 2016. Faïence peinte.
 
Serena Carone. Homme papillon, 2016. Faïence peinte.
 
Sophie Calle. Dommages collatéraux. Cœur de cible, 1990-2003. 10 photographies couleur, verre sablé, 79,5 x 50,5 cm (détail). © Photo Béatrice Natale 03.10.2017. © Sophie Calle / ADAGP, Paris, 2017. Courtesy Perrotin.
Portraits de délinquants fichés, utilisés comme cibles pour l'entraînement des policiers du commissariat de la ville de M., États-Unis.
 
Sophie Calle. Dommages collatéraux. Cœur de cible, 1990-2003. 10 photographies couleur, verre sablé, 79,5 x 50,5 cm (détail). © Sophie Calle / ADAGP, Paris, 2017. Courtesy Perrotin.
Portraits de délinquants fichés, utilisés comme cibles pour l'entraînement des policiers du commissariat de la ville de M., États-Unis.
 
Moïse (Histoires vraies), installation.
 
Moïse (Histoires vraies), texte.
 
Serena Carone. Lièvre chasseur, 2016. Faïence. © Photo Béatrice Natale 03.10.2017.
 
Moïse (Histoires vraies), illustration du texte.
Salle d'armes
Sophie Calle. Liberté surveillée, 2014. 47 photographies N/B, 18,7 x 24,7 cm et vidéo (détail). © Sophie Calle / ADAGP, Paris 2017. Courtesy Perrotin.
Des accès ont été aménagés au-dessus et au-dessous des autoroutes pour permettre aux animaux de les franchir. Des caméras à déclenchement automatique contrôlent leurs migrations.
Sophie Calle. Liberté surveillée, 2014. 47 photographies N/B, 18,7 x 24,7 cm et vidéo (détail). © Sophie Calle / ADAGP, Paris 2017. Courtesy Perrotin.
Des accès ont été aménagés au-dessus et au-dessous des autoroutes pour permettre aux animaux de les franchir. Des caméras à déclenchement automatique contrôlent leurs migrations
 
Serena Carone. Les Mots qui tuent, étain, 2005. © Béatrice Hatala.
 
Serena Carone. Mon amour, étain, 2005. © Béatrice Hatala.
 
Serena Carone. Œil pour œil, étain, 2006. © Béatrice Hatala.
 
Serena Carone. Vie de chien, faïence émaillée, 2007. © Béatrice Hatala.
Scénographie avec des photos de Sophie Calle dans des tiroirs du musée.
 
Scénographie. © Photo Béatrice Natale 03.10.2017.
 
Serena Carone. Vierge de la patience, 1997. Pâte à bois, divers matériaux. © Photo Béatrice Natale 03.10.2017.
 
Scénographie avec, de Sophie Calle, Morte de bonne humeur (Histoires vraies).
 
Sophie Calle. Morte de bonne humeur (Histoires vraies) (illustration).
 
Sophie Calle. Morte de bonne humeur (Histoires vraies) (texte).

 

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Histoires vraies
présentées dans cette exposition.

 
Sophie Calle. Photos dans un tiroir du musée.
Salon bleu
Scénographie
 
Serena Carone. © Musée de la Chasse et de la Nature, Paris, 2017 - Thilo Hoffmann.
 
Scénographie. © Photo Béatrice Natale 03.10.2017.
 
Serena Carone. Mains, 2013. Cire.
 
Sophie Calle. Les chats (Histoires vraies), installation.
 

Sophie Calle. Le faux mariage (Histoires vraies), installation.

 

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Sophie Calle. Les chats (Histoires vraies), texte.
Salon de compagnie
Scénographie
 
Serena Carone. Ours, 2016. Faïence émaillée.
 
Serena Carone. Tête de porc, 2000, acier et Tête de veau, 2000, acier.
 

Serena Carone. Ours (détail), 2016. Faïence émaillée. © Béatrice Hatala.

 
Serena Carone. Tête de veau, 2000, acier. © Béatrice Hatala. © ADAGP.
 
Scénographie avec, de Serena Carone, Mon amie, 2016. Faïence émaillée. © Photo Béatrice Natale 03.10.2017.
 
Serena Carone. Mon amie, 2016. Faïence émaillée. © Photo Béatrice Natale 03.10.2017.
Antichambre
Scénographie
 

Sophie Calle. Le Landau (Histoires vraies). Installation et texte.

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Serena Carone. Femme papillon, 2000. Cire.
 

Sophie Calle. Le Sèche-cheveux (Histoires vraies). Installation.


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présentées dans cette exposition.

Cabinet des singes
Scénographie avec, de Sophie Calle, Suite vénitienne (sélection), 1980. 48 photographies N/B, 23 textes.
© Photo Béatrice Natale 03.10.2017.
 
Sophie Calle, Suite vénitienne (sélection) (vue partielle), 1980.
 
Sophie Calle, Suite vénitienne (sélection) (vue partielle), 1980.
2e étage, 1ère salle
Scénographie avec, de Sophie Calle, Le Chasseur français, 12 textes sérigraphiés, 67 x 81 cm, 2017 (voir ci-dessous).
 

Sophie Calle. Le Chasseur français, 2017.
12 textes sérigraphiés, 67 x 81 cm.

Catalogue des qualités principalement recherchées chez la femme par des individus de sexe masculin, à travers une sélection de petites annonces de rencontre publiées dans Le Chasseur français entre 1895 et 2010. À partir de 1990, des annonces du Nouvel Observateur puis de Meetic viennent enrichir la liste. L’étude se conclut par des messages empruntés à l’application de réseautage Tinder.

 

 

Cliquez ici pour pouvoir lire les textes des différents panneaux

Sophie Calle. Le Chasseur français, 2017. Panneau « Pas prise de tête ».
 
2e étage, 2e salle
 
Sophie Calle. A l’espère, 2017. 21 photographies couleur avec textes sérigraphiés, 60 x 45 cm / 43 x 55 cm.

Photographies de mobilier favorisant l’attente de messages amoureux empruntant au vocabulaire de la chasse et au monde animalier.
 
Serena Carone. Ensemble pour la vie, 2013. Faïence peinte.
Scénographie
Description des photographies et textes de cette salle.
 
Texte sous la photographie : « Mardi 6 mars. Porte d’Orléans. Wagon vide. Un homme assis à un bout, une femme à l’autre. Ils s’observent. Aucun des deux ne bouge. Elle descend à Vavin. Depuis il prend tous les premiers métros et il guette. lemaladroit@... ».
 
Texte sous la photographie : « TGV Paris-Arcachon. Rat des villes très amusé par conversation rat des champs. À bientôt sur terrain neutre ? 06… » .
Scénographie