VICTOR BALTARD (1805-1874).
Le fer et le pinceau

Article publié dans la Lettre n° 345
du 29 octobre 2012


VICTOR BALTARD (1805-1874). Le fer et le pinceau. Fils d’un architecte célèbre, Victor Baltard entre en 1824 à l’Ecole des beaux-arts, dans la section d’architecture et complète sa formation dans l’atelier de son père et d’autres architectes amis, comme Charles Percier. Parallèlement à cela il suit, comme le fit son père, les cours de la section peinture. En 1833 il obtient le prestigieux prix de Rome, ville où il séjourne avec sa jeune épouse de 1834 à 1838, se liant d’amitié avec Ingres, alors directeur de l’Académie de France à Rome. Durant cette période, il réalisera des relevés de fresques et des études archéologiques et nouera des amitiés très utiles pour sa carrière.
La présente exposition, la première rétrospective consacrée à Baltard, un homme apprécié au musée d’Orsay, installé dans une gare de son époque (!), décrit d’une manière quasi chronologique l’extraordinaire carrière de cet homme qui consacra toute sa vie presqu’exclusivement à Paris. Si tout le monde le connaît pour les anciennes halles de Paris, bien peu l’associe à la rénovation d’une vingtaine d’églises parisiennes, à la construction de l’église Saint-Augustin (1859-1868), la première réalisée avec une ossature métallique, à la conception des abattoirs de la Villette (1860-1867), à la conception du bâtiment des Pompes Funèbres (1869-1870) devenu aujourd’hui le Centquatre, au marché du Temple, à certains aspects de l’ancien hôtel de ville de Paris, incendié en 1871, ou à la conception de fêtes prestigieuses données pour de grands évènements, à l’occasion desquelles il réalise des constructions éphémères lui permettant d’expérimenter des solutions architecturales susceptibles de devenir pérennes.
Après une partie introductive avec des portraits et sculptures de Baltard, des médailles et souvenirs divers, nous pouvons voir, à travers des dessins, peintures, croquis d’architecture, relevés archéologiques, etc. son talent pour la peinture et le dessin. Puis les commissaires évoquent le tombeau de Napoléon Ier, dont il sortit vainqueur du concours en 1841. Malheureusement on lui préféra un architecte plus expérimenté, « erreur » qui ne fut pas commise en 1861, lorsque le jeune Charles Garnier remporta le concours pour le nouvel opéra de Paris, auquel Victor Baltard participa lui-aussi, comme beaucoup d’autres. A défaut du tombeau de Napoléon, il fit celui de Monseigneur Affre, archevêque de Paris mort en héros en 1848, dont on peut voir une maquette.
La scénographie de l’exposition, due à Virginia Fienga, prend ici une tournure impressionnante en évoquant les halles de Paris. Non seulement cette partie est consacrée à la réalisation aussi grandiose que prestigieuse des halles, mais aussi aux autres travaux - que nous avons mentionnés plus haut - menés par Baltard en sa qualité d’inspecteur des Beaux-Arts, puis de directeur du service d’architecture de la ville de Paris, poste auquel il fut nommé par Haussmann, son ancien condisciple au lycée Henri IV. En ce qui concerne les halles, le choix du métal permettait de construire cet immense ensemble avec des modules métalliques fabriqués avec des décors raffinés, auxquels s’ajoutaient des effets de couleurs grâce aux matériaux utilisés pour les murs, tels la pierre brune des Vosges ou la brique, le tout dans une atmosphère lumineuse due aux immenses baies vitrées. Les caractéristiques de cet édifice, construit en différentes étapes à partir de 1851, furent si appréciées qu’il inspira de nombreux projets semblables en France et à l’étranger (on cite le chiffre de 400 !). Les deux derniers pavillons, sur un total de douze, ne furent terminés qu’entre 1938 et 1948. Comme on le sait, l’ensemble a été démoli en 1971 et seul un pavillon a été reconstruit, en 1976, à Nogent-sur-Marne, tandis que quelques éléments étaient récupérés par d’autres villes comme Sèvres.
A côté de la prouesse technique de cet édifice, l’exposition s’attache à montrer l’impact des halles dans la littérature (Le Ventre de Paris, de Zola), le cinéma (projection de scènes de films se passant dans les halles) et les arts graphiques et photographiques (Brassaï, Doisneau, etc.). Une exposition en tout point exemplaire sur un personnage finalement mal connu. Musée d’Orsay 7e. Jusqu’au 13 janvier 2013. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.musee-orsay.fr.


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