BABA BLING
Signes intérieurs de richesses à Singapour

Article publié dans la Lettre n° 317


BABA BLING. Signes intérieurs de richesses à Singapour. Ne vous fiez pas au titre, cette exposition est des plus sérieuses et des plus originales qui soit. Elle décrit les Peranakan, des groupes ethniques d’origines indiennes et chinoises et plus précisément les Peranakan aux origines chinoises et malaises, les Babas, qui forment le groupe le plus large. Les quelque 480 objets exposés proviennent du Musée Peranakan, unique en son genre dans le monde, qui a ouvert en 2008 à Singapour. Les Peranakan sont les descendants de marchands venus de Chine et d’Inde qui se sont installés en Asie du Sud-est il y a plusieurs centaines d’années. La culture chinoise peranakan semble en apparence très chinoise. Les rites relatifs à la naissance, au passage à l’âge adulte, au mariage, aux anniversaires, à la mort, sont chinois dans le fond et la forme, mais il existe des emprunts évidents au monde malais, tels que certains vêtements, les bijoux, la cuisine, etc.
Les Peranakan connurent leur Âge d’or de la fin du XIXe siècle, avec l’ouverture du canal de Suez, jusqu’à la fin de la Première Guerre Mondiale, grâce à leur ouverture d’esprit et leur pratique de l’anglais. La plupart des objets présentés sont de cette époque. Aujourd’hui c’est une communauté en déclin, dont on collectionne les objets provenant de leur culture et qui fascine les malais d’aujourd’hui. Ils lui consacrent des séries télévisées et des romans photos, visibles en fin d’exposition.
La maison baba, signe visible le plus important de cette culture, est le fil directeur du parcours de cette exposition, organisé en « period rooms » avec une scénographie originale reposant sur l’évocation et la création d’atmosphères particulières propres à cette culture. Y sont évoqués tour à tour la salle de réception avec une entrée à portes battantes et un hall ornée de meubles variés ; le hall des ancêtres avec les portraits des ancêtres, qui servent à invoquer leur présence pour qu’ils apportent richesse et chance à la famille, et l’autel des ancêtres ; la cuisine et la gastronomie avec des évocations de la salle à manger et de la cuisine, des ustensiles de cuisine, des services en porcelaine, etc. ; la salle de mariage avec une magnifique chambre nuptiale et des ouvrages précieux telle que cette nappe finement ouvragée brodée avec plus d’un million de perles colorées; la mode nonya - celle des femmes peranakan - largement inspirée de la mode malaise, avec des vêtements luxueux, des bijoux, des mules perlées, etc. Une exposition originale et inattendue qui nous fait découvrir le raffinement et le luxe d’une ethnie disparue sous cette forme. Musée du Quai Branly 7e. Jusqu’au 30 janvier 2011. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.quaibranly.fr.


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