AVENTURIERS DES MERS
De Sindbad à Marco Polo

Article publié dans la Lettre n° 412
du 25 janvier 2017


 
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AVENTURIERS DES MERS. De Sindbad à Marco Polo. Avant même de pénétrer dans l’enceinte de l’Institut, nous découvrons sur le parvis, Nizwa, un magnifique boutre omanais de 30 mètres de long. C’est une réplique de ces navires traditionnels construits entièrement en bois qui naviguaient depuis le IXe siècle dans le Golfe Persique. ll est amarré habituellement au Port-musée de Douarnenez. C’est l’un des derniers boutres en bois construit dans les chantiers de « Sur » à Oman en 1992.
L’exposition elle-même se veut à la fois scientifique et ludique. La scénographie tout à fait exceptionnelle, nous permet de comprendre les enjeux de ces voyages en mer, en particulier dans l’océan Indien. A partir du VIIe siècle les arabes, présentés surtout comme des gens du désert, règnent en maîtres sur les mers jusqu’au XVIe siècle et la bataille de Lépante (1571). Au cours de celle-ci une coalition d’Etats européens défait la flotte du sultan et met fin au monopole ottoman.
Le parcours de l’exposition est jalonné d’hologrammes de grands navigateurs qui nous racontent quelques-unes de leurs aventures. On commence ainsi avec Sindbad, marin légendaire dont les exploits sont contés dans les Milles et Une Nuits et on termine avec Vasco de Gama qui ouvrit la route de l’Inde via le cap de Bonne-Espérance (1497-1499). Entre les deux nous sommes accueillis par Ibn Jubayr, un andalou qui fit de son voyage d’un an au Moyen-Orient en 1184 un récit précis ; Ibn Majid, né vers 1432, expert incontesté de l’océan Indien, qui rédigea plusieurs ouvrages de navigations ; Ibn Battûta, né à Tanger en 1304, qui sillonna l’Europe et l’Asie, jusqu’en Chine, parcourant plus de 120 000 km entre 1325 et 1349 ; Zheng He, chinois d’origine mongole, amiral de la flotte de l’empereur, à la tête de navires mesurant plus de 60m de long (mais on parla aussi de plus de 100m !) ; et enfin Marco Polo, l’auteur de Le Devisement du monde, qui partit à l’âge de dix-sept ans avec son père et son oncle pour un immense périple à travers l’Asie, dont ils ne revinrent que vingt-cinq ans plus tard.
La première partie du parcours est consacrée à « La mer étrange et redoutable ». La scénographie évoque la coque d’un navire. Sur un mur des images de vagues gigantesques filmées par Yann Arthus Bertrand. Dans les vitrines des mâchoires de requins, un curieux étendard en forme de tête de poisson, des livres décrivant des scènes monstrueuses comme celle de Jonas et la baleine, un récit biblique commun aux trois religions monothéistes, ou celle de la construction de l’arche de Noé (Inde, vers 1610).
La deuxième partie, « Naviguer, une intelligence du monde », nous montre, dans une salle occupée par des vitrines évoquant un compas ouvert, des cartes anciennes, comme la Mappemonde de Fra Mauro (Venise, vers 1450), la vue de Venise de Piri Reis (Turquie, vers 1670) ou encore cette Tabula Rogeriana (Livre de Roger) (d’après Al Idrisi, XIIe siècle) ; des instruments de navigation et des maquettes de bateaux provenant du musée de la Marine.
La troisième partie, la plus grande, « Marchandises & convoitises » explique pourquoi il y eut tant de voyageurs dans cette partie du monde. Dès l’antiquité on savait qu’on y trouvait des épices, des textiles et des matériaux précieux et la production de ces produits s’était orientée en partie vers l’exportation. Nous pouvons voir toutes sortes d’objets provenant de l’orient : des minéraux, des céramiques (assiettes, plats, pichets, gourdes, jarres, etc.), un chandelier, un brûle-parfum, des objets en ivoire dont un magnifique Jeu d’échecs, dit de Charlemagne (XIe siècle), l’Olifant de Saint-Orens (XIe - XIIe siècle) et un coffret (Italie, XIIe siècle) ; un cabinet en ébène, bois de rose, os et laiton doré (Goa, fin du XVIIe siècle) ; etc. Des maquettes de bateaux, des portraits, des étoffes, complètent cette partie.
L’exposition se termine par une évocation des compagnies occidentales et de leur mainmise sur l’organisation des échanges commerciaux avec un canon (Amsterdam, 1636) et un tableau représentant la Bataille de Lépante (Vénétie, huile sur toile, 1571-1600). Les enfants peuvent poursuivre leur visite dans un atelier pédagogique et mettre à profit leurs connaissances toutes fraiches d’une manière très ludique. Une exposition somptueuse, très instructive et riche en vidéos de toutes sortes réalisées par Christine Coulange. R.P. Institut du Monde Arabe 5e. Jusqu’au 26 février 2017. Lien : www.imarabe.org.


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