AU PAYS DU DRAGON
ARTS SACRES DU BHOUTAN

Article publié dans la Lettre n° 304


AU PAYS DU DRAGON. ARTS SACRES DU BHOUTAN. Le Musée Guimet nous offre la chance de voir une exposition unique et rare, conçue par l’Académie des Arts de Honolulu et le Ministère de l’Intérieur et des Affaires Culturelles du Bhoutan. Elle est présentée à l’identique qu’à Honolulu avec, en annexes, des photos de Matthieu Ricard - que l’on ne présente plus - qui vécut neuf ans au Bhoutan et y retourne souvent, des photos de Jean Timsit, ancien avocat d’affaires qui fait la promotion du concept de Bonheur National Brut en vigueur au Bhoutan, et d’un parcours dans les collections permanentes du musée.
Il y a dans le bouddhisme plusieurs courants ou « véhicules ». Le bouddhisme tantrique, dénommé « Véhicule du diamant », religion d’état au Bhoutan, dont la relation de maître à disciple est essentielle, a lui même plusieurs branches. L’une d’entre elle, la tradition drukpa kagyupa, fondée au XIIe siècle, devint dominante au Bhoutan à partir du XVIIe siècle. C’est de celle-ci que le Bhoutan tire son nom de « Druk Yul » ou « Pays du Dragon » (druk).
C’est en 2003 que les organisateurs se rendirent au Bhoutan pour présenter leur projet. Des mois plus tard l’accord arriva et ils purent sélectionner les 111 œuvres que nous voyons aujourd’hui. La moitié sont des thangka (peintures) dont certaines de grandes dimensions et le reste des objets métalliques, essentiellement des sculptures mais aussi quelques objets liturgiques et deux longues trompes rappelant l’importance de la musique rituelle dans le bouddhisme tantrique.
Les objets sont présentés en neuf sections. En premier c’est le Buddha, tant dans sa représentation historique (Sâkyamuni) que dans ses existences antérieures (jataka) ou future (Maitreya) ainsi que sous d’autres aspects. Puis ce sont les arhats, disciples du Buddha historique, désignés par ce dernier comme protecteur de la Loi jusqu’à la venue du futur Buddha. Viennent ensuite les bodhisattvas, êtres qui tels Avalokitésvara, Manjusri ou Vajrapani, objets d’une grande ferveur au Bhoutan, diffèrent leur propre accession à la bouddhéité afin d’assister les hommes sur le chemin de l’Illumination.
La quatrième section est consacrée aux déités tutélaires et protectrices. Là, surprise, il existe au Bhoutan des déesses, dont certaines, comme dans l’hindouisme, jouent le rôle de parèdre. Certains de ces dieux et déesses, personnifications de textes philosophiques du bouddhisme tantrique, ont un aspect courroucé, symbolisant l’intense énergie mise en œuvre pour parvenir à l’Eveil. Enfin il y a Mahakala, le Grand Noir, qui est le dieu protecteur majeur du Bhoutan. L’une de ses manifestations, ailée et à tête de corbeau, est évoquée sur le chapeau porté par chacun des cinq rois qui se sont succédé dans le pays, depuis 1907. Le corbeau est lui-même l’oiseau national du royaume.
Les sections suivantes sont relatives au stupa et aux mandalas ; à Padmasambhava, grand maître qui propagea le bouddhisme tantrique au Tibet et au Bhoutan au VIIIe siècle et vénéré tel un second Buddha ; aux maîtres de la tradition Nyingmapa, la plus ancienne et qui se réclame particulièrement de Padmasambhava ; aux maîtres de la tradition Drukpa Kagyupa dont nous avons précisé ci-dessus l’importance au Bhoutan et aux objets liturgiques. Cette passionnante exposition se termine par des films de danses Cham, danses bouddhiques rituelles filmées par les organisateurs et disponibles en DVD avec le catalogue. Ces objets provenant de plus de trente temples et monastères toujours en activité, certains d’accès très difficiles, sont toujours des objets de culte. C’est pourquoi ils sont accompagnés par deux moines qui exécutent quotidiennement des prières et des offrandes rituelles, à 10h30 et à 16h00. Musée Guimet 16e. Jusqu’au 25 janvier 2010. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.museeguimet.fr.


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