L’ATELIER EN PLEIN AIR
Les impressionnistes en Normandie

Article publié dans la Lettre n° 398
le 13 juin 2016


 
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L’ATELIER EN PLEIN AIR. Les impressionnistes en Normandie. Des recherches menées depuis une trentaine d’années montrent que l’impressionnisme n’a pas commencé en 1863 avec le Salon des refusés pour se terminer en 1866 avec la 8e Exposition impressionniste mais plutôt au début des années 1820, sous l’influence de l’école anglaise. En effet c’est à la fin des guerres napoléoniennes que les paysagistes anglais (Turner, Bonington, Cotman …) débarquent en Normandie avec leurs boîtes d’aquarelle, tandis que les français (Delacroix, Géricault, Isabey) se rendent à Londres pour découvrir l’école anglaise. De ces échanges nait une école française du paysage dont Corot et Huet prennent bientôt la tête. De multiples peintres leur emboîtent le pas et inventent une nouvelle esthétique.
La Normandie joue un rôle décisif dans l’émergence de cette école. En effet elle est entre Paris et Londres, les deux capitales artistiques de l’époque. Elle possède un riche patrimoine architectural avec ses abbayes et Rouen, la « ville aux cent clochers », à une époque où les artistes participent à la redécouverte du patrimoine. La mode des bains de mer, importée d’Angleterre est en plein essor à partir de Dieppe où elle a commencé vers 1920. Les paysages variés et changeant au gré du temps et des saisons enchantent les peintres. Enfin les liaisons depuis Paris par la Seine, puis par le train, à partir de 1843 pour Rouen et 1860 pour Deauville-Trouville, favorisent l’essor des stations balnéaires.
Ce sont les fruits de cette activité artistique intense que nous pouvons voir dans cette exposition. Elle rassemble une cinquantaine d’œuvres issues de collections particulières et de grandes institutions européennes et américaines. Le parcours commence avec des toiles de Turner (Lillebonne, vers 1823), Corot (Jumièges, vers 1830) et Courbet (L’Embouchure de la Seine, 1859) et se poursuit tout au long des huit salles avec des toiles peintes dans les différents sites de la côte normande en passant par des tableaux évoquant les plages, les loisirs et les mondanités qui apparaissent à cette époque. Les planches de Deauville et Trouville sont posées pour faciliter les bains de mer (Monet : Sur les planches de Trouville, hôtel des Roches noires, 1870), créant un espace que se partagent les travailleurs de la mer (Renoir : La Cueillette des moules, 1879 ; Monet : Barques de pêche, Honfleur, vers 1866) et les estivants en villégiature (Morisot : La Plage des Petites-Dalles, vers 1873 ; Boudin : Scène de plage à Trouville, 1869). Les champs de courses (Degas : Course de gentlemen, avant le départ, 1862) et les casinos apparaissent aussi à cette époque.
L’agréable scénographie d’Hubert Le Gall met en valeur tous ces tableaux et montre ce que l’impressionnisme, vue dans une chronologie longue, doit à la Normandie. Une très belle exposition. Musée Jacquemart-André 8e. Jusqu’au 25 juillet 2016. Lien : www.fondation.cartier.com.


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