ARTS & PRÉHISTOIRE

Article publié dans la Lettre n°565 du 8 mars 2023



 
Pour voir le parcours en images et en vidéos de l'exposition, cliquez ici.

ART & PRÉHISTOIRE. Cette saison, le musée de l’Homme se consacre à l’art et plus précisément aux arts préhistoriques et au retentissement qu’ils ont eu sur les artistes du XXe siècle et contemporains. Dans cet article nous rendons compte de la première partie de cette exposition, celle consacrée aux arts de l’époque paléolithique. Elle comporte elle-même deux grandes parties. La première est consacrée aux arts mobiliers, c’est-à-dire à des objets que l’on peut garder sur soi et déplacer. La seconde aux arts pariétaux et rupestres.  Une centaine d’objets authentiques, provenant de toute l’Europe, illustre la première partie, tandis que des vidéos et des projections nous montrent les peintures et sculptures faites sur des parois.
Le parcours commence par une rare représentation d’un visage humain sur une plaquette calcaire découverte, avec des centaines d’autres, dans la grotte de La Marche, à Lussac-les-Châteaux. Les commissaires nous donnent ensuite quelques rudiments d’histoire de l’art préhistorique avec de grands panneaux illustrés. Disons-le d’emblée, si cette exposition s’adresse à tous les publics, y compris les plus jeunes, les passionnés y trouvent aussi leur compte grâce à des explications nombreuses, précises, bien documentées et souvent passionnantes.
Par commodité, les premiers préhistoriens, dont la discipline n’est apparue qu’à la fin du XIXe siècle avec les premières inventions, ont divisé la préhistoire en quatre grandes périodes : aurignacien (-43 000 à -30 000 avant notre ère, l’année 2000), gravettien (-34 000 à -26 000), solutréen (-27 000 à -22 000) et magdalénien (-21 000 à -14 000) d’après des lieux de découverte en France. Contrairement aux premières hypothèses, les représentations artistiques ne se sont pas « affinées » avec le temps mais ont changé de style. C’est ainsi qu’avec la découverte de la grotte Chauvet (-36 000 ans) en 1994, on se rend compte que ses peintures n’ont rien à envier à celles de la grotte de Lascaux (-19 000 ans) découverte en 1940.
Une section est tout entière consacrée aux représentations féminines sculptées. Ce sont ces fameuses Vénus, un nom donné arbitrairement car on ignore de quel message elles sont porteuses. On en a retrouvé une trentaine dans toute l’Europe. Rondes et généreuses pour les plus anciennes, comme la Vénus de Lespugue, filiformes et schématiques pour les plus récentes, comme la Vénus impudique, deux icônes de l’art préhistorique. Leur présence dans des lieux aussi éloignés les uns des autres montrent qu’il existait des relations entre les populations préhistoriques et pourquoi pas des « écoles ». Une dizaine de ces Vénus sont exposées, à commencer par celle de Lespugue qui n’était plus présentée au musée de l’Homme, où elle est conservée, depuis plusieurs années.
Mais nos ancêtres ont surtout représenté des animaux, en particulier des chevaux, bisons et aurochs, en Europe, mais aussi des rennes, ours, mammouths, rhinocéros, loup, lion des cavernes etc. et, plus rarement, des poissons et des insectes. Nous en avons de nombreux exemples sculptés ou gravés sur toutes sortes de matériaux, ceux à la disposition de ces artistes. Les commissaires nous en présentent quelques-uns : os, bois de cervidés, galet, schiste, etc. Ils ne sont pas choisis au hasard mais en fonction de leur forme qui aide l’artiste dans sa composition.
À côté de ces pièces d’art mobilier, une section propose quelques exemples d’art pariétal. Il s’agit de fragments de roches détachés des parois où ils avaient été sculptés. Le plus beau, classé monument historique, est la Vénus de Laussel, dite « Vénus à la corne ». Mais la petite Vénus de l’Abri Pataud, perdue sur une grosse roche a, elle, quelque chose d’émouvant. On peut voir aussi des représentations d’animaux tels ces chevaux et surtout cette tête d’aurochs (Aurochs rayonnant, -14 000 ans).
La deuxième partie est tout entière consacrée aux peintures pariétales, celles que l’on trouve sur les parois des grottes, et aux peintures rupestres, celles que l’on trouve à l’air libre. Comme il n’est pas possible de les voir ici en vrai, les commissaires ont fait appel à des vidéos et à des diaporamas. Le premier film nous présente tous les lieux de la planète où l’on a trouvé des fresques préhistoriques peintes ou gravées. C’est incroyable de voir qu’il y en a partout, non seulement en Europe mais aussi en Asie, en Afrique, aux États-Unis, au Brésil, au Chili, en Australie… Partout l’homme a représenté non seulement les animaux qu’il voyait dans sa région mais aussi des figures humaines, de femmes surtout, parfois réduites à leur sexe ou à leurs mains, comme on le voit dans ce caléidoscope d’images provenant du monde entier.
Parmi les vidéos, citons celles relatives aux grottes de Niaux et de Lascaux, aux falaises de Huashan en Chine et à la Serra da Capivara au Brésil. Deux autres vidéos nous montrent, la première comment nos ancêtres représentaient les chevaux à travers le temps, et la seconde comment on a cherché à interpréter la fameuse « scène du puits » à Lascaux. Dans ce dernier cas, une soixantaine de théories plus ou moins fumeuses ont été élaborées, montrant qu’il y a encore beaucoup à faire pour comprendre nos ancêtres. Un dispositif interactif qui permet aux enfants et aux plus grands ( !) de faire des dessins, clôture cette première partie de l’exposition. Une manifestation absolument magistrale qu’il ne faut pas manquer. R.P. Musée de l’Homme 16e. Jusqu’au 22 mai 2023. Lien : www.museedelhomme.fr.


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