Parcours en images et en vidéos de l'exposition

ARTAVAZD PELECHIAN
La Nature, Les Saisons

avec des visuels mis à la disposition de la presse,
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°519 du 3 mars 2021



 

Scénographie avec la biographie d'Artavazd Pelechian. Photo © Luc Boegly.
 
Artavazd Pelechian, La Nature, Les Saisons

Première exposition consacrée en France à Artavazd Pelechian, La Nature, Les Saisons propose un dialogue inédit entre deux œuvres majeures du cinéaste : La Nature, son premier film depuis vingt-sept ans, et Les Saisons, ode au monde paysan réalisée en 1975. Fruit d'une commande passée en 2005 par la Fondation Cartier et le ZKM Filminstitut (Karlsruhe, Allemagne), La Nature est l'aboutissement de quinze années de travail d'un réalisateur à la filmographie aussi rare que célébrée. L’exposition permet de mettre en lumière cet artiste majeur du septième art et son œuvre lyrique aux accents parfois prophétiques.
Né en Arménie, Artavazd Pelechian a créé l’essentiel de son œuvre à Moscou entre 1964 et 1993. Pendant près de trente années, au cœur du système soviétique, il réalise neuf films à la facture unique, constitués d'images documentaires. Archives ou prises de vues réelles tournées par le cinéaste, ces images sont retravaillées et montées ensemble, selon une technique qu'il nomme le montage à distance, pour aboutir à de véritables poèmes visuels qui échappent à la distinction classique entre fiction et documentaire. Son écriture associe subtilement, et en leur accordant la même importance, l'image et la bande sonore. Cinéma de l'émotion, sans dialogue, sans acteur et sans histoire, son œuvre pose un regard tranchant, et néanmoins plein d'empathie, sur la condition humaine.
Alors que l'on a longtemps cru sa filmographie achevée avec la réalisation du film La Vie en 1993, Artavazd Pelechian présente aujourd'hui son nouveau film, intitulé La Nature, à travers lequel il observe une nouvelle fois la précaire cohabitation des communautés humaines avec leur environnement, un thème central dans son œuvre. Pour la plupart glanées sur Internet et réalisées avec des moyens amateurs, les images qui constituent ce film sont des témoignages fragiles tournés au cœur de la nature et de ses secousses. Véritable élégie visuelle, le film dresse le constat sans appel de la supériorité de la nature, capable de dompter toute ambition humaine.
Parallèlement à la projection de ce film-événement, la Fondation Cartier propose la redécouverte de l'un des joyaux de la filmographie du cinéaste : Les Saisons. L’approche musicale du montage cinématographique chez Artavazd Pelechian atteint avec ce film des sommets d’intensité. Il met en scène une communauté de paysans arméniens et témoigne du lien symbiotique qui les unit à l'environnement naturel au sein duquel ils vivent et travaillent. Les Saisons offre ainsi un contrepoint saisissant aux visions de fin du monde du film La Nature, dans un dialogue qui résonne profondément avec les enjeux du présent.

 

« Je suis persuadé que le cinéma peut
véhiculer certaines choses qu’aucune langue
au monde ne peut traduire. Pour moi, il date
de la tour de Babel, d’avant la division en
différents langages. » Artavazd Pelechian

Texte du panneau didactique.
 
Scénographie avec une citation d'Artavazd Pelechian.
Tadanori Yokoo. 3 portraits d'Artavazd Pelechian, 2014. Collection Fondation Cartier pour l'art contemporain, Paris.
Scénographie. Photo © Luc Boegly.
 

 

Images extraites du film L'Image Absente,  2020. Réalisation Hrant Vardanyan.

Vidéo
 
 
Raymond Depardon. Portrait d'Artavazd Pelechian.
 
 
 
Article de Serge Daney. Libération, édition du 11 août 1983.
 
Conversation entre Artavazd Pelechian et Jean-Luc Godard. Propos recueillis par Jean-Michel Frodon, Le Monde, édition du 2 avril 1992.
 
 

Scénographie
Vue de la salle de projection du film La Nature. Photo © Luc Boegly.
 

Synopsis du film La Nature, page 1/5.

 
Synopsis du film La Nature, page 2/5.
 
Synopsis du film La Nature, page 3/5.
 
Synopsis du film La Nature, page 4/5.
 

Synopsis du film La Nature, page 5/5.

En 2005, la Fondation Cartier et le ZKM Filminstitut proposent à Artavazd Pelechian de travailler à la réalisation d'un nouveau film. Le cinéaste esquisse alors le synopsis du film, dont l'original est ici présenté.
Outre son titre, La Nature, on retrouve décrits dans ce document tous les éléments visuels qui vont constituer la trame du film, finalement achevé en 2020.

 

 
Projection du film La Nature. Photo © Luc Boegly.
 
Artavazd Pelechian. La Nature, image du film, 2020. © Artavazd Pelechian. DR.
 
Artavazd Pelechian. La Nature, image du film, 2020. © Artavazd Pelechian. DR.
 
Artavazd Pelechian. La Nature, image du film, 2020. © Artavazd Pelechian. DR.
 
Artavazd Pelechian. La Nature, image du film, 2020. © Artavazd Pelechian. DR.

Scénographie
Vue de la salle de projection du film Les Saisons. Photo © Luc Boegly.
 

Vidéo

Cliquer ici ou sur l'image pour voir la vidéo

Artavazd Pelechian sur le tournage des SAISONS,
1972-1975.

 

 

Projection du film Les Saisons. Photo © Luc Boegly.

Cliquer ici ou sur l'image pour voir le film Les Saisons

 

 
 
Artavazd Pelechian. Les Saisons, image du film, 1975. © Artavazd Pelechian. DR.
 
Artavazd Pelechian. Les Saisons, image du film, 1975. © Artavazd Pelechian. DR.
 
Artavazd Pelechian. Les Saisons, image du film, 1975. © Artavazd Pelechian. DR.
 
Artavazd Pelechian. Les Saisons, image du film, 1975. © Artavazd Pelechian. DR.

Scénographie
 
Nous | We, 1969. Film 35 mm, noir et blanc, 26 min. Arménie / URSS.
 
Les Habitants | The Inhabitants, 1970. Film 35 mm, noir et blanc, 10 min. Biélorussie / URSS.
 
Notre Siècle | Our Century, 1982. Film 35 mm, noir et blanc, 48 min (1982) / 30 min (1990). Arménie / URSS.
 
Vie | Life, 1993. Film 35 mm, couleur, 7 min. Arménie / URSS.


Biographie d'Artavazd Pelechian

 

1938
Artavazd Pelechian naît en Arménie à Leninakan, actuelle Gumri. Il grandit à Kirovakan (aujourd’hui Vanadzor) ou, après une formation technique, il exerce successivement les métiers d’ouvrier métallurgiste et de dessinateur industriel.

1963
Désormais installe à Moscou, Artavazd Pelechian décide d’intégrer le VGIK, la prestigieuse école de cinéma qui a formé d’autres grands noms du cinéma soviétique comme Andrei Tarkovski, Serguei Paradjanov, Alexandre Sokourov et Andrei Kontchalovski. Il y réalise ses trois premiers films et obtient son diplôme en 1968.

« Ça venait de mon être profond, de mon regard sur le monde. Ce n’est que plus tard que j’ai pu écrire ces textes sur le montage à distance qui exposent ma manière de voir le cinéma. Je savais que ce que je sentais, je n’arriverais à l’exprimer avec des mots mais qu’un des moyens serait le cinéma. »

1964
La Patrouille de la montagne, Mountain Patrol. Film 35 mm, noir et blanc, 10 min,
Arménie / URSS.

Ce film suit un groupe de travailleurs qui dégagent quotidiennement les voies ferrées pour le passage des trains dans les montagnes arméniennes. Artavazd Pelechian exalte la dignité et la rigueur du travail manuel.

1966
La Terre des hommes, Land of the People. Film 70 mm, noir et blanc, 10 min, URSS.

Une image de la sculpture d’Auguste Rodin, Le Penseur, ouvre et clôt La Terre des hommes. Entre ces deux séquences, le film évoque en images les réalisations et activités par lesquelles les humains habitent la Terre.

« C’est le thème de la découverte permanente de la beauté du monde, que l’homme réalise dans sa vie et dans son travail, qui est développé dans le cadre d’une grande ville, présentée au cours d’une journée de labeur. Ce film démarre et se termine sur l’image de la sculpture de Rodin : Le Penseur, qui tourne sur elle-même. Cette sculpture célèbre est devenue depuis longtemps le symbole de l’expression inaltérable de la pensée humaine.»

1967
Au Début, The Beginning. Film 35 mm, noir et blanc, 10 min, URSS.

Réalisé à l’occasion du 50e anniversaire de la révolution d’Octobre (1917), le film montre en parallèle des images de la révolution russe et des séquences évoquant l’actualité de la lutte sociale dans les années 1960 à travers le monde.

1969
Nous | We. Film 35 mm, noir et blanc, 26 min, Arménie / URSS.

Hommage vibrant au peuple arménien, Nous met en images l’exil, les retrouvailles, la ferveur collective, les destructions et reconstructions, évocateurs des soubresauts de l’histoire de l’Arménie. Avec ce film, Artavazd Pelechian commence à explorer le montage à distance.

1970
Les Habitants, The Inhabitants. Film 35 mm, noir et blanc, 10 min, Biélorussie / URSS.

Dans ce film pionnier, des hordes d’animaux sauvages, ces autres habitants de la planète, fuient une menace invisible, que le spectateur associe progressivement à l’emprise de l’homme sur la planète. Première projection d’un film d’Artavazd
Pelechian en Occident : Nous est présenté au Festival international du court-métrage d’Oberhausen en Allemagne ou il obtient le premier prix du jury.

« Le film est construit sur l’idée d’une relation pleine d’humanité avec la nature et le monde animal. Il est question bien sûr des agressions perpétrées par l’homme contre la nature, et de la menace que constitue la destruction de l’harmonie naturelle. »

1975
Les Saisons, The Seasons. Film 35 mm, noir et blanc, 29 min 59 s, Arménie / URSS.

Animé d’un souffle épique, Les Saisons suit une communauté de paysans arméniens dans leur labeur quotidien, accordant leur rapport à la nature au rythme des saisons.

1982
Notre Siècle, Our Century. Film 35 mm, noir et blanc, 48 min (1982) / 30 min (1990), Arménie / URSS.

Notre Siècle évoque la course aux étoiles dans laquelle se sont lancés au XXe siècle les États-Unis et l’URSS. L’utopie du rêve d’Icare s’y transforme en une course technologique effrénée.

1983
Le critique de cinéma Serge Daney rencontre Artavazd Pelechian à Moscou. Il publie alors dans Libération l’un des premiers portraits consacres au cinéaste dans la presse occidentale, ce qui marque le début de sa reconnaissance internationale.

« J’ai soudain le sentiment (agréable) de me trouver face à un chaînon manquant de la véritable histoire du cinéma. » Serge Daney, Libération, 11 août 1983

1988
Publication en russe de Moyo Kino [Mon Cinéma], un livre manifeste dans lequel le cinéaste développe ses théories cinématographiques et notamment sa conception du montage à distance (aussi appelé montage a contrepoint).

À l’invitation du Festival international du film de Rotterdam, Artavazd Pelechian effectue son premier voyage en Occident. L’année suivante, Jean-Luc Godard découvre avec admiration ses films lors du Festival de Nyon en Suisse, dans le cadre d’une rétrospective sur le cinéma arménien.

1992
Fin | The End. Film 35 mm, noir et blanc, 8 min, Arménie.

Au cours d’un voyage en train de Moscou à Erevan, Artavazd Pelechian filme les passagers, hommes et femmes d’âges et d’origines diverses. Ce voyage collectif, au défilement ininterrompu et à l’horizon incertain, peut se lire comme une métaphore de la vie, une certaine idée du destin.

Première rétrospective des films d’Artavazd Pelechian en Occident présentée à la Galerie nationale du Jeu de Paume à Paris. À cette occasion, paraît dans Le Monde une conversation exceptionnelle entre Artavazd Pelechian et Jean-Luc Godard, fruit d’une rencontre à Paris organisée par Jean-Michel Frodon.

Publication en français du texte théorique d’Artavazd Pelechian, Le montage à contrepoint, ou la théorie de la distance, issu de son livre Moyo Kino, dans le deuxième numéro de la revue Trafic, créée par Serge Daney.

1993
Vie | Life. Film 35 mm, couleur, 7 min, Arménie / URSS.

Vie célèbre l’instant de la naissance à travers des images de femmes en travail et de nouveau-nés. Véritable hymne à la vie, le film fait référence à l’iconographie religieuse pour évoquer le mystère de la mise au monde.

2000
Il est récompense par le prix SCAM (Société des Auteurs Multimédia) de Télévision pour l’ensemble de son œuvre.

2001
La Fondation Cartier présente le film Les Saisons à l’occasion de l’exposition Un Art populaire. C’est le début d’une relation durable avec le cinéaste, qui se prolonge a l’occasion d’expositions présentées à Paris (notamment Ce qui arrive, conçue par le philosophe Paul Virilio, 2002) ou à l’étranger. Depuis, quatre films d’Artavazd Pelechian ont intègre la collection de la Fondation Cartier : Les Saisons, Les Habitants, Notre Siècle
Et La Nature. À partir de 2014, le film Les Habitants est l’élément central d’une série d’expositions que l’artiste argentin Guillermo Kuitca imagine à partir de la collection de la Fondation Cartier à Paris (2014), Buenos Aires (2017) et Milan (2021).

2005
La Fondation Cartier et le ZKM Filminstitut commandent à Artavazd Pelechian la réalisation d’un nouveau film. Le réalisateur rédige alors un synopsis, dont l’original est présenté dans cette salle, qui décrit précisément la construction visuelle du film, intitule La Nature.

2014
A l’occasion du trentieme anniversaire de la Fondation Cartier, l’artiste et musicienne Patti Smith imagine une soiree de concert intitulée Swans, Un hommage à Artavazd
Pelechian, en présence du cinéaste.

2015
Publication en versions russe et anglaise de My Universe and Unified Field Theory [Mon Univers et ma théorie du champ unifie]. Artavazd Pelechian y développe une réflexion sur les notions d’espace et de temps en lien avec ses conceptions cinématographiques. Il fait ainsi écho à ce qu’il écrivait plusieurs décennies auparavant dans son texte Le Montage à contrepoint.

2020
La Nature, Nature. Film numérique, noir et blanc, 62 min, France / Arménie / Allemagne.

Le nouveau film d’Artavazd Pelechian met en scène une nature puissante et souveraine, capable de dompter les communautés humaines et leurs réalisations. La Nature offre une vision saisissante de l’issue probable du désordre écologique en cours.

 

Biographie d'Artavazd Pelechian