L'ART RUSSE DANS LA SECONDE MOITIE
DU XIXe SIECLE : EN QUETE D'IDENTITE

Article publié dans la Lettre n° 245


L’ART RUSSE DANS LA SECONDE MOITIE DU XIXe SIECLE : EN QUETE D’IDENTITE. C’est la première exposition pluridisciplinaire consacrée, en France, à ce sujet allant de la seconde moitié du XIXe siècle jusqu’à la fin du régime tsariste en 1917. C’est donc une véritable découverte pour la grande majorité des visiteurs qui peuvent voir ici, pour la première fois en France, des œuvres provenant des plus grands musées russes.
Cette exposition s’attache à mettre en perspective l’élaboration d’un art proprement russe. En effet, dans la seconde moitié du XIXe siècle, certains artistes se détournent, totalement ou partiellement des modèles et des répertoires occidentaux, enseignés dans les académies de Saint-Pétersbourg et de Moscou, pour définir un art et un style nationaux. Ce mouvement s’exprime dans la relecture des sources nationales, historiques ou mythique (oiseaux de Paradis), des arts populaires (louboks, estampes populaires), de la littérature et des contes slaves (Ivan Tsarevitch sur le loup gris), mais aussi et c’est peut-être là le plus intéressant, dans la considération de la réalité sociale et politique contemporaine.
C’est ainsi qu’en 1863, un groupe de jeunes artistes refuse de concourir à l’Académie selon les sujets imposés ! Ils veulent des sujets russes contemporains. Cette « révolte des quatorze » ouvre la voie à un réalisme nouveau, libéré du pittoresque sentimental et misérabiliste et sur l’un des points de départ historique de la formation du groupe des Ambulants.
Répine, Kramskoï, Savistski, Iarochtchenko traitent ainsi, en dépit de la censure, de la réalité sociale et politique de la Russie tsariste. Les artistes des autres disciplines ne sont pas en reste. Les photographes affirment leur attachement aux rites et coutumes de la Russie ancienne. Comme le mode de vie des campagnes a peu évolué depuis le XVIIe siècle, les reportages photographiques permettent de fixer sur la pellicule un peu de l’âme russe : travaux des champs, petits métiers artisanaux, etc.
Cette quête d’identité trouve son apogée dans le style russe et néo-russe qui touche de 1880 à 1910 l’ensemble des disciplines artistiques. Les dernières années du XIXe siècle voient le recensement systématique du patrimoine populaire et la redécouverte de l’art de l’ancienne Russie.
La section consacrée au mouvement néo-russe est l’un des moments forts de l’exposition. Architectes, peintres, dessinateurs, sculpteurs, décorateurs participent avec vigueur à ces réalisations. La Russie du XIXe siècle redécouvre dans l’art populaire une source de renouvellement artistique qui joue par ailleurs un rôle déterminant dans l’émergence du « Style moderne », l’Art nouveau russe. Le néo-russe s’est exprimé en particulier dans deux centres de créations principaux : Abramtsevo, près de Moscou, et Talachkino, près de Smolensk, à l’initiative de deux mécènes. Parallélement, la création de la revue Mir Iskousstva (Le Monde de l’Art) ainsi que les expositions organisées par celle-ci jouèrent un rôle important. Cette inspiration se prolonge au cours des années 1905-1910 dans le mouvement néo-primitiviste.
En conclusion voici, pour commencer la saison, une très belle exposition où l’espace, le milieu naturel, « la terre russe » y ont leur place comme en témoignent les magnifiques paysages de Kouindji, de Lévitan ou de Nesterov. Elle montre bien comment le retour aux sources nationales, entre mythe, histoire et art populaire est exploré dans toute sa diversité, éclairant la relation entre l’évolution des arts et la prise de conscience d’une identité russe. Musée d’Orsay 7e (01.40.49.48.00) jusqu’au 8 janvier 2006. Pour voir notre sélection de diapositives, cliquez ici. Lien : www.musee-orsay.fr.


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