ART ROBOTIQUE
Une exposition monumentale

Article publié exclusivement sur le site Internet, avec la Lettre n° 370
du 16 juin 2014


ART ROBOTIQUE : une exposition monumentale. Dans l'antiquité les grecs ne distinguaient pas l'art de la technique. Les deux étaient désignés par le même mot : la techné. A notre époque, parler « d'art robotique », c'est faire référence de manière implicite à la techné des grecs car ces objets, construits la plupart du temps par des ingénieurs, ne ressemblent en rien, à de rares exceptions près, à ce que l'on a coutume d'appeler une « œuvre d'art ».
Si l'on a bien présent à l'esprit ce concept, alors on peut s'aventurer dans cette exposition exceptionnelle par la diversité des œuvres présentées (une vingtaine en tout), souvent pour la première fois en France, et provenant du monde entier. Certaines sont spectaculaires, justifiant ainsi le sous-titre de l'exposition. C'est le cas de Totemobile de Chico MacMurtrie / ARW (Etats-Unis) qui nous accueille dans le grand hall de la Cité des sciences et de l'industrie. Sous l'apparence d'une DS, la voiture mythique de Citroën, se cache un totem qui se déploie lentement pour atteindre 18 mètres de haut. C'est assez époustouflant et s'il s'agit vraiment ici d'une prouesse technologique, le totem déployé et immobile peut être qualifié d'œuvre d'art, au sens habituel du mot, compte tenu de son caractère abstrait et monumental.
Toutes les œuvres n'ont pas le même impact sur le visiteur. On voit avec intérêt les gigantesques créatures singulières de Theo Jansen (Pays-Bas), faites de tubes en plastique et de ruban adhésif qu'il appelle Strandbeest (créatures de plage) et qui répondent aux noms d'Animaris Umerus, Animaris Ordis Longus et Animaris Adulari ! Celles-ci se déplacent sur les plages par la force du vent et la présence du sable humide. Dans l'exposition il faut que les « médiateurs » ou le public leur donnent une petite impulsion pour qu'elles se meuvent. Leur concepteur les réalise à partir d'études sur ordinateur et les perfectionne au fil du temps, espérant qu'un jour elles n'auront plus besoin de lui pour continuer d'évoluer ! Nous n'en sommes pas là mais ces monstres bizarres qui évoquent plus des squelettes de dinosaures que des êtres évolués sont très ingénieux.
En revanche, le Chemin de Damastès de Jean Michel Bruyère / LFKs (France), « sculpture » constituée de 21 lits médicalisés surmontés de néons, animés de mouvements permanents réglés par un ordinateur et sonorisés, n'a pour seul attrait que sa démesure et évoque plus une ancienne salle d'hôpital qu'une « œuvre d'art ».
Parmi les autres réalisations, l'une d'entre elles, The Big Picture, est un robot comme on en voit, par exemple, dans les usines de fabrication automobile. Ce robot dessine, sur un immense tableau, au gré de la fantaisie d'un ordinateur programmé pour transformer des statistiques mathématiques, des données climatologiques etc. en instructions ininterrompues. Nous n'avons vu que quelques traits lors de l'inauguration mais l'on nous promet, après neuf mois de « travail », un « dessin unique, riche en détails et d'un haut niveau de précision ». On note que le collectif Rotolab (Allemagne), concepteur de ce robot, ne parle pas d'esthétique !
Si la plupart de ces œuvres sont des objets, certaines ne sont que des projets, représentés sur des schémas précis, comme les installations « bioscientifiques » de la chinoise Lu Yang, ou dans des vidéos comme les manèges de Till Nowak (Allemagne), dont on voit le court métrage, The Centrifuge Brain Project.
Nous avons également des instruments de musique d'un genre nouveau, les Marimcas et les Otamatones, conçus par le groupe artistique et musical Maywa Denki (Japon), une pièce où l'on est immergé dans un environnement de « gouttes de lumière », Falling Light, réalisation du collectif d'artistes Troika (Grande-Bretagne), et surtout la matrice liquide 3D, dont l'idée est née d'une visite à Lille, en 2001, de Shiro Takatani. L'idée est finalement devenue réalité et, grâce aux 900 électrovalves contrôlées chacune par un ordinateur et à la gravité qui donne une troisième dimension aux filets d'eau, il est possible, avec des programmes conçus par de « véritables » artistes, de sculpter, en musique, des œuvres entièrement liquides, du plus bel effet. Parmi toutes celles qui sont présentées ici, c'est sans doute la réalisation qui se rapproche le plus des expressions artistiques traditionnelles. Cité des sciences et de l'industrie 19e. Jusqu'au 4 janvier 2015. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.cite-sciences.fr.


Retour à l'index des expositions

Page d'accueil de « Spectacles Sélection »