ARCIMBOLDO (1526-1593). Quelle étrange
carrière que celle de ce peintre, adulé de son vivant et totalement
oublié jusqu’à la redécouverte, au début du XXe siècle, de ses œuvres
étranges, ses fameuses têtes anthropomorphes, qui en firent pour
les surréalistes un précurseur de l’art moderne.
Giuseppe Arcimboldo est né à Milan dans une famille de peintres.
Son père travaillait alors, depuis 1518, à
la Fabbrica, l’office
en charge des travaux du dôme de Milan. Lui-même y travailla jusqu’en
1558 environ, livrant des esquisses de toutes sortes (vitraux, baldaquins,
armoiries, etc.) dont il reste peu d’œuvres. En 1562 on le trouve
au service de la cour des Habsbourg qu’il servira pendant 25 ans,
jusqu’en 1587. Ferdinand Ier, Maximilien II puis Rodolphe II le
combleront d’honneurs et lui confieront de nombreuses charges. En
1580 il est anobli et en 1592 il est élevé au rang de comte palatin.
Depuis 1587 il est donc de retour dans sa ville natale, loué par
ses contemporains et compatriotes lombards qui voient en lui « un
prince parmi les peintres », mais continue d’envoyer des tableaux
à Rodolphe II.
Tout le monde connaît aujourd’hui ses portraits anthropomorphes
composés à partir de fruits, légumes, animaux, objets de toutes
sortes. Il a ainsi fait plusieurs séries des quatre saisons. Nous
pouvons voir côte à côte celles du musée de Vienne (1563) et celles
du Louvre (1573). Dans la même veine il a fait les Eléments :
l’Eau et
le Feu (1566),
la Terre (1570) ainsi que les
Quatre
saisons en une seule tête (1590) mais aussi des portraits des
membres de la cour composés avec les objets ayant trait au métier
des personnes concernées comme
le Juriste ou
le Bibliothécaire (1566). Ses fantaisies picturales vont très loin puisqu’il fait
même des tableaux réversibles comme
L'Homme-potager ou
Le
Cuisinier (1566).
L’exposition rassemble une quarantaine de tableaux, une trentaine
d’objets d’art, autant d’œuvres graphiques, une tapisserie et une
dizaine d’ouvrages en provenance de collections privées et publiques
du monde entier. C’est dire si l’œuvre d’Arcimboldo, même si beaucoup
reste à faire pour le connaître, est importante et variée. En effet
à coté des œuvres décrites ci-dessus qui font sa célébrité, cet
artiste était un érudit curieux de tout, comme Léonard de Vinci.
Les Habsbourg l’appréciaient aussi pour les grandes fêtes, tel que
le mariage d’Anne, fille de Maximilien avec Philippe II, roi d’Espagne,
qu’il organisait, concevant les décors et les costumes. Il nous
en reste de nombreux dessins préparatoires. Ils lui confièrent aussi
la collecte d’œuvres d’art de l’antiquité ainsi que de curiosités
de la nature comme ces oiseaux et animaux du Nouveau Monde. Lui-même
en fit des dessins minutieux pour les scientifiques de son époque.
On lui doit aussi une série de treize dessins illustrant
la culture
et le travail de la soie d’une extraordinaire précision. Il
fit également de nombreux portraits de facture classique que l’on
a beaucoup de mal à authentifier aujourd’hui (
Portrait d’une
archiduchesse, vers 1563).
La présente exposition, qui est la première monographie consacrée
à Arcimboldo, permettra ainsi de mieux comprendre cet artiste qui
reste encore un peintre mystérieux. Le visiteur ne manquera pas
d’apprécier, en marge de cette exposition, une présentation d’œuvres
de Bernard Pras, dont une surprenante installation réalisée d’après
l’Eté d’Arcimboldo.
Musée du Luxembourg 6e. Jusqu’au
13 janvier 2008 (puis à Vienne du 11 février au 1er juin 2008).
Lien : www.museeduluxembourg.fr.