AMERICA LATINA 1960-2013

Article publié dans la Lettre n° 364
du 10 février 2014


AMERICA LATINA 1960-2013. Avec plus de 500 œuvres (photographies et vidéos), cette exposition nous présente non seulement le travail de soixante-douze artistes, peu connus en Europe, appartenant à onze pays d’Amérique latine, mais surtout nous apporte des regards nouveaux sur ces pays et leur histoire, au cours des cinquante dernières années, c’est-à-dire depuis la révolution cubaine. La façon d’aborder leurs sujets, les thèmes traités, les techniques utilisées sont différents d’un artiste à l’autre et montrent l’immense diversité et la richesse artistique de ce continent qui va de l’Argentine au Mexique.
Pour mettre un peu d’ordre dans ce foisonnement d’idées, les commissaires ont classé les œuvres en quatre groupes. Le premier, Territoires, nous montre la complexité de cette Amérique latine, dont les frontières entre états ont toujours été sources de conflits, où les peuples autochtones voient leurs terres envahies par les lobbys agraires et les exploitations minières et où l’identité nationale même peine à émerger. Quelque treize artistes sont présents dans cette section.
Le deuxième groupe, Villes, vient tout naturellement après le premier. En effet aujourd’hui plus de quatre-vingt pour cent de la population des territoires vit dans les villes. Les artistes montrent les bouleversements qui animent celles-ci, entre les centres historiques et les développements modernes souvent anarchiques, provoquant l’exode des populations les plus pauvres et de plus en plus nombreuses. C’est avec vingt-cinq artistes, la section qui est la plus représentée.
Si nous avions déjà des sujets de polémiques dans les précédentes sections, la troisième, Informer-dénoncer, est tout entière consacrée à la dénonciation de la violence et de l’impunité des criminels politiques durant les années de guérillas et de dictatures, surtout au Chili, en Argentine (30.000 morts ou disparus) ou au Nicaragua (des centaines de milliers de morts). Les dix-sept artistes réunis dans cette section utilisent essentiellement le détournement d’écrits (journaux, lettres, archives) sur lesquels ils rajoutent leurs propres mots.
Enfin la dernière section, Mémoire et identité, qui traite de la période de démocratisation de tous ces pays, prolonge la précédente. Les dix-huit artistes présentés ici se font l’écho des revendications des minorités, principalement indigènes, qui commencent à se faire entendre, de l’impact des disparitions durant les années de guerres civiles ou du tiraillement qu’ils éprouvent entre la tradition et la modernité.
Pour clore cette exposition la fondation Cartier a commandé un film de 140 minutes à Fredi Casco et Renate Costa. Les auteurs ont interviewé trente artistes de huit pays, de Buenos Aires à Mexico. On apprend beaucoup sur toutes sortes de sujets. Par exemple, pour les artistes mexicains, que les relations sont plus faciles pour eux avec leurs confrères français qu’avec les argentins ! Une exposition enrichissante et variée. Fondation Cartier pour l’Art contemporain 14e. Jusqu’au 6 avril 2014.
Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.fondation.cartier.com.


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