AMEDEO MODIGLIANI
Un peintre et son marchand

Article publié dans la Lettre n°579 du 11 octobre 2023



 
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AMEDEO MODIGLIANI. Un peintre et son marchand. Quelque vingt-cinq toiles, dessins et sculptures de Modigliani (1884-1920) illustrent la relation très intime entre l’artiste italien d’origine juive et le Parisien Paul Guillaume (1891-1934), qui devient son marchand exclusif de 1916 à 1918. Les deux hommes se seraient rencontrés dès 1914 par l’entremise du peintre et poète Max Jacob, l’une des figures du milieu artistique de l’époque que fréquentaient tant Modigliani que Guillaume. Ce dernier était spécialisé dans l’art africain, tout juste reconnu en tant que tel par des Picasso, Braque et quelques autres. Paul Guillaume l’expose dans son appartement-galerie, loue pour lui un atelier rue Ravignan à Paris, l’encourage et tente de faire connaître ses œuvres. De cette période, nous connaissons des portraits peints et dessinés de son marchand. Trois tableaux et deux dessins sont exposés dans la première salle à côté de photographies des deux hommes posant tour à tour dans l’atelier de Modigliani.
La salle suivante, « Masques et têtes », propose une confrontation entre les sculptures et peintures de Modigliani et des sculptures africaines. Profitant de l’enseignement de Brancusi, Modigliani s’était consacré presque exclusivement à la sculpture entre 1911 et 1913. Il avait dû l’abandonner sur l’injonction de son médecin et mécène Paul Alexandre car la poussière menaçait dangereusement ses poumons. Comme les commissaires le font remarquer au jeune public, il y a une ressemblance frappante entre ses portraits de femmes, peints ou sculptés, et certains masques africains : tête ovale, yeux en amande, long nez et de simples traits pour les sourcils.
Le parcours se poursuit avec une évocation du Paris artistique et littéraire de 1906, date de l’arrivée de Modigliani à Paris, et 1918. L’on y voit des portraits de Max Jacob et Moïse Kisling, un peintre polonais, à côté de ceux de Beatrice Hastings, rédactrice en chef de la revue londonienne The New Age et compagne de Modigliani entre 1914 et 1916, période durant laquelle l’artiste travaille en étroite collaboration avec Paul Guillaume. Une place est faite dans cette salle à la revue Les Arts à Paris, publiée par Paul Guillaume à partir de 1918 en collaboration avec Guillaume Apollinaire. Après la mort de ce dernier, Guillaume prend la plume, défendant et promouvant les artistes de l’art moderne. Le numéro 17 de mai 1930 est consacré au « plus beau nu », celui que l’on voit dans la salle suivante.
Cette dernière section « Période méridionale » recouvre la période 1918-1919. Modigliani a un nouveau marchand d’art, Léopold Zborowski, qui l’incite à peindre de nouveau des nus féminins. Ceux-ci feront scandale dans la seule exposition personnelle de Modigliani, en 1917, surtout à cause de la représentation des poils pubiens. Compte tenu des raids aériens sur Paris et de la santé de Modigliani, Zborowski l’envoie sur la Côte d’Azur en compagnie de sa nouvelle compagne, la jeune peintre et modèle Jeanne Hébuterne, déjà enceinte du premier enfant du couple, qui se suicidera quelques jours après la mort de Modigliani. Comme dans les autres salles, les œuvres exposées, même si elles n’ont pas été peintes durant la période où Paul Guillaume était le marchand exclusif de Modigliani, ont un rapport avec celui-ci. Elles lui ont appartenu ou bien il les a vendues ou les a commentées dans Les Arts à Paris. Les neuf toiles exposées sont presque toutes des portraits d’inconnu(e)s : La Belle droguiste ; La Chevelure noire ; Jeune Fille au corsage rayé ; La Blouse rose ; Jeune Fille rousse au collier ; Le Jeune Apprenti à côté de deux portraits identifiés et du fameux Nu couché qui ne quitta jamais la collection de Paul Guillaume.
Justement, dans la dernière salle, une projection vidéo sur deux écrans perpendiculaires nous montre des photographies des appartements successifs et de plus en plus luxueux de Guillaume, où l’on voit les toiles et objets d’art qu’il avait collectionnés. Une magnifique exposition qui plaira au plus grand nombre, comme celle du musée du Luxembourg en 2002 (Lettre n°206). R.P. Musée de l’Orangerie 1er. Jusqu’au 15 janvier 2024. Lien : www.musee-orangerie.fr.


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