L'ÂME PRIMITIVE

Article publié dans la Lettre n°539 du 19 janvier 2022



 
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L’ÂME PRIMITIVE. Le sujet est austère et rarement mis en scène. Les commissaires s’appuient sur l’œuvre de Zadkine (1888-1967), qui est l’un des artistes qui inventent un nouveau langage sculptural en se tournant vers le « primitif ». Pour lui, les œuvres naïves des sculpteurs romans ou des peintres d’enseignes de sa Russie natale traduisent non pas un défaut de connaissance ou de technique, mais l’exemple d’un vrai lien au monde. Il n’était pas le seul à son époque, pas si lointaine, et avant lui, des artistes tels que Rodin (1840-1917) le pensaient aussi.
Avec une centaine d’œuvres de toutes sortes, peintures, sculptures, etc. réalisées par une trentaine d’artistes, l’exposition nous montre comment se perçoit cette « âme primitive ».
Une première salle, « La perspective inversée », expose comment des artistes cherchent à voir et rendre le monde autrement. Ils s’inspirent des dessins d’enfants (Kandinsky), de l’art populaire ou des arts extra-occidentaux. Sont exposés dans cette salle, autour des sculptures majestueuses de Zadkine (Femme à la cruche ou Porteuse d’eau, 1923 ; Les Vendanges, 1918) des dessins d’Hélène Reimann, une autodidacte, de Chagall, de Natalia Gontcharova, etc. On y voit aussi les curieux assemblages de Valérie Blass, en particulier I feel funny (Je me sens drôle), 2015.
Dans la section suivante « Ce qui parle toujours en silence, c’est le corps », en dehors de Rebecca ou La Grande Porteuse d’eau (1927), toujours présente dans cette salle, notre regard est attiré par la violente peinture de Miriam Cahn (née en 1949), Kriegerin [Guerrière], 2012. Dans cette première salle nous avons aussi des figurines de Rodin représentant des Mouvements de danse (1911), de la danseuse acrobate Alda Moreno, et le Personnage penché (1919) de Zadkine, une sculpture faite à partir d’une pierre esquissant déjà le sujet final.
Plus loin, au milieu d’œuvres diverses, on est étonné par les « sculptures » minimalistes de Thomas Gleb, qui fait apparaître, sur des semelles de chaussures, en quelques traits et symboles, des visages humains hors du temps. De son côté, Marisa Merz (1926-2019), avec des matériaux plus recherchés, nous dévoile des têtes ou des visages avec une très grande économie de moyens. Citons aussi Laurent Le Deunff (né en 1977) qui, avec des morceaux de bois nous façonne des Patates (2018) très humoristiques ou, avec des coquilles de noix et d’autres matériaux analogues, nous bâtit un Totem (2021).
La dernière section, « La demeure », occupe l’ancien atelier de Zadkine. Nous sommes accueillis par l’imposant Prométhée (1955-1956) de ce dernier, taillé d'un seul bloc dans une grume d'orme. Sur un pilier est accroché une œuvre de Gyan Panchal (né en 1973) : Le Poumon (2017), réalisée à partir d’une épave et d’un bleu de travail. Voici une façon originale de recycler les matériaux abandonnés ! Parmi les autres œuvres de cette section, on remarque tout d’abord les sculptures aérées de Rebecca Digne (née en 1982), à base de céramique, de sable, de cire et de corde, dont une est exposée à l’extérieur, aux intempéries, et justifie le nom de la série, A perdere [À perte]. Les sortes de masques et autres objets en céramique de Caroline Achaintre (née en 1969) attirent aussi notre attention. Une exposition qui se mérite. R.P. Musée Zadkine 6e. Jusqu’au 27 février 2022. Lien : www.zadkine.paris.fr.


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