ALBERTO GIACOMETTI - ANDRÉ BRETON
Amitiés surréalistes

Article publié dans la Lettre n°542 du 2 mars 2022



 
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ALBERTO GIACOMETTI – ANDRÉ BRETON. Amitiés surréalistes. En 1930, Alberto Giacometti crée Boule suspendue (métal et plâtre), une cage à l’intérieur de laquelle une sphère suspendue semble pouvoir glisser sur l’arête d’un croissant, suggérant la pulsion scopique, chère à Freud, ou une forme d’érotisme impossible. Il l’expose à la Galerie Pierre où elle attire l’attention d’André Breton, le chef de file du groupe surréaliste qui en acquiert une version en bois, une pièce unique qu’il gardera toute sa vie. C’est elle qui est exposée dans la présente manifestation. Giacometti noue alors des liens d’amitié avec plusieurs artistes, photographes et écrivains du groupe. Certains sont évoqués ici par leurs œuvres. On a ainsi des tableaux de Masson, Picasso, Miro, Arp, Dali, Ernst, Carrington, Tanguy et Brauner dont un voit un impressionnant Portrait d'André Breton (1934) ; des photographies de Man Ray, Dora Maar et Brassaï, pour n’en citer que quelques-uns, puisées dans les archives de Breton et Giacometti, et des livres et revues publiés par des membres du groupe, parfois de façon collective, comme cet ouvrage illustré sur Violette Nozières (1933) dont il ne reste que de rares exemplaires, l’édition imprimée en Belgique ayant été saisie à la frontière.
Dans la salle suivante sont exposées deux œuvres à facettes de Giacometti, Cube (1933-1934), un polyèdre irrégulier à douze faces, sculpture en plâtre liée à la mort (celle de son père, le peintre postimpressionniste renommé Giovanni Giacometti, en juin 1933) et à la mélancolie, et Tête crâne (1934), une tête de mort stylisée à l’échelle 1. Breton, fasciné par cette sculpture, lui en demandera un moulage pour sa collection.
La dernière sculpture présentée est L’Objet invisible (1934-1935). Elle représente une femme grandeur nature qui semble tenir quelque chose entre ses mains. Giacometti a aussi donné à cette œuvre fascinante le titre de « Mains tenant le vide », un jeu de mots avec « Maintenant le vide » ! André Breton la reproduira en 1937 dans L’Amour fou.
Avec cette œuvre réaliste, même si la tête est inspirée d’un demi-masque en tôle trouvé aux puces lors d’une promenade de Giacometti et Breton, l’artiste abandonne le surréalisme. Il restera néanmoins en bons termes avec André Breton comme avec la plupart des membres du groupe des surréalistes.
Parmi les autres œuvres exposées, on trouve des dessins, en particulier ceux que Giacometti fit pour illustrer le recueil de poèmes L’Air de l’eau, composé par Breton pour sa nouvelle épouse, la jeune artiste Jacqueline Lamba. Une exposition particulièrement éclairante sur la période surréaliste (1930-1935) de Giacometti. R.P. Institut Giacometti 14e. Jusqu’au 10 avril 2022. Lien: www.fondation-giacometti.fr.


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