ALBERT BESNARD
Modernité Belle Époque

Article publié dans la Lettre n° 408
du 21 décembre 2016


 
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ALBERT BESNARD. Modernité Belle Époque. Avec cette exposition le Petit Palais renoue avec ce que nous apprécions le plus dans ses manifestations, la (re)découverte d’un peintre oublié (Pelez, De Nittis, Sert, Ziem, Forain, Severini, Desvallières, …) et pas des moindres. Albert Besnard (1849-1934) était la gloire de la peinture française à la Belle Époque. Il fut comblé d’honneurs et de charges : Grand Prix de Rome (1874), membre de l’Académie des Beaux-Arts (1912), directeur de la Villa Médicis (de 1913 à  1921), membre de l’Académie française (1924), directeur de l’Ecole des Beaux-Arts (de 1922 à 1932). Enfin la République lui fit des funérailles nationales, les premières pour un peintre. Tout cela le rendit sans doute suspect et on le rangea bien vite au rayon des « académiques stériles ». Quelle erreur !
Dans une scénographie exceptionnelle du Studio Tovar, qui recrée l’atmosphère fin de siècle de l’atelier de Besnard, les commissaires nous présentent, à l’occasion de cette rétrospective, un ensemble d’œuvres (peintures, pastels, gravures, …) nous dévoilant les multiples facettes de ce peintre exceptionnel.
Avant même d’entrer dans les salles d’exposition, nous avons un aperçu de son œuvre avec des gravures (série Les Petites Voluptés ; Les Morphinomanes) et des toiles aux couleurs vives – qui firent sa renommée – comme Femme assise dans un fauteuil au bord du lac d’Annecy ou La Dormeuse (vers 1890) ou Une famille ou Portrait de famille (1890) où il représente sa femme et ses quatre enfants dans sa villa de Talloires, lui-même apparaissant au fond du tableau à côté de sa belle-mère. Nous voyons aussi un buste grandeur nature de l’artiste, à la carrure imposante, réalisé en bronze par son fils Philippe Besnard, sculpteur comme sa mère, Charlotte Dubray, qu’Albert Besnard rencontra à Rome et dont on voit une œuvre, La Salamandre (1903), plus loin, dans les salles d’exposition.
La première salle « Devenir peintre » nous montre des portraits  et d’autres sujets dont ceux qu’il fit durant les quatre années de son séjour à Rome à la Villa Médicis. Dans ces derniers, en particulier dans le Portrait d’André Wormser (1877), on note la grandiloquence de sa signature (comme Bernard Buffet le fit plus tard !) qu’il simplifiera par la suite. Dans cette salle est évoqué le séjour qu’il fit à Londres de 1880 à 1883, où il découvrit la peinture préraphaélite et fit la connaissance du graveur Alphonse Legros. Ce séjour fut déterminant pour lui, lui faisant adopter une palette plus vive et le familiarisant avec la gravure.
Le parcours continue avec « Le portrait : entre intimisme et mondanités ». On y découvre une quinzaine de toiles dont le Portrait de madame Roger Jourdain (1886), le plus célèbre, qui fit scandale au Salon de 1886 à cause de ses contrastes colorés violents, bien loin des représentations naturalistes de l’époque. Ses portraits lui attirèrent de nombreuses commandes. A côté des toiles sont exposées un grand nombre de gravures, dont celles de tous les membres de sa famille.
Avec « le décorateur » nous touchons à ce qui faisait la renommée d’un peintre, la décoration d’édifices publics. Albert Besnard fut comblé, et pas seulement en France. Nous voyons des esquisses pour l’Hôtel de Ville de Paris, pour les mairies des Ier et XIXe arrondissements, pour l’Ecole de Pharmacie, la Comédie Française et aussi le Petit Palais. En effet c’est Albert Besnard qui décora l’immense coupole que l’on voit en entrant dans le musée. Les scénographes ont aussi eu la bonne idée de coller au plafond des reproductions de certaines de ces décorations.
La salle suivante « Les féeries du pastel » nous offre une dizaine de portraits, tous féminins, avec des toilettes vaporeuses et colorées. Albert Besnard contribua grandement à redonner goût à cette technique dont il fit l’éloge.
Nous arrivons ensuite dans deux sections très différentes des précédentes. Fini les portraits somptueux, les décors monumentaux. Place à la gravure, avec deux séries intitulées La Femme et Elle. La première présente la vie d’une femme, du succès à la déchéance finale, de la rencontre de l’amour jusqu’à la mort. La seconde nous représente la mort, sous forme d’un squelette, s’introduisant dans l’intimité des personnages, à travers 26 eaux-fortes. Les deux séries ont un pouvoir dramatique très fort évoquant Goya, que Besnard admirait.
Enfin, avec « Les libertés de l’ailleurs », le parcours s’achève par un voyage aux Indes, où Besnard séjourna sept mois en 1910, après de précédents voyages en Espagne, au Maroc et en Algérie. Cela lui inspira des tableaux aux couleurs très intenses comme Sur le Pont de Trichinopoly (1911-1912) ou Un Howdah (1912) et un livre L’Homme en rose ou l’Inde couleur de sang (1913). Une exposition éblouissante et un modèle en matière de scénographie. R.P. Petit Palais 8e. Lien: www.petitpalais.paris.fr.


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