L'AGE D'OR DE L'INDE CLASSIQUE
L'EMPIRE DES GUPTA

Article publié dans la Lettre n° 270


L'AGE D'OR DE L'INDE CLASSIQUE - L'EMPIRE DES GUPTA. C'est la première exposition en Europe exclusivement consacrée à l'art de l'Inde Gupta. Pour ceux qui ne se sont pas rendus en Inde - et même pour les autres - ce sera une révélation car les quelques 110 œuvres présentées sont parmi les plus grandes réussites de la sculpture indienne qui connut son apogée à cette époque, en même temps que la pensée religieuse, les sciences, la littérature, etc.
La création de l'empire gupta remonte à 320 de notre ère. C'était alors un petit royaume, comme tant d'autres, qui se développa progressivement grâce à l'éclatement du grand empire des Kushâna, vers la fin du IIIe siècle, et à la puissance militaire et à l'habileté politique de deux grands souverains, Samudragupta (vers 335-375) et Chandragupta II (vers 375-415). Malheureusement, à la fin du Ve siècle, l'invasion des Huns, précipita l'empire dans un irréversible déclin. Néanmoins les canons esthétiques et les modèles iconographiques élaborés à l'époque gupta allaient perdurer au fil des siècles et leur influence et leur rayonnement s'étendre jusque dans l'art du Népal, de l'Asie du Sud-est ou encore de l'Asie Centrale.
Le parcours de l'exposition se veut chronologique. Après une vitrine où sont exposées de très belles monnaies en or pour évoquer la personnalité des plus grands souverains de la dynastie, nous voyons un petit groupe de sculptures antérieures à cette époque. Elles datent de la dynastie des Grands Kushâna (Ier - IIIe siècle) et constituent en quelque sorte les racines de l'art gupta.
Vient ensuite un incroyable ensemble de sculptures provenant des deux grands centres que furent Mathurâ, à 150 km au sud de Delhi, sur la rive droite de la Yamunâ, un affluent du Gange, et Sârnâth, tout près de Bénarès, là ou le Buddha prononça son premier sermon et mis en mouvement la roue de la Loi. Les sculptures de Mathurâ sont en grès rose, celles de Sârnâth en grès beige. Elles représentent des divinités bouddhiques, jaïnes et brahmaniques, montrant ainsi la grande tolérance des souverains gupta qui étaient majoritairement hindous. Alors que le bouddhisme des premiers siècles semble avoir réprouvé le culte de l'image - le Buddha était figuré par un espace vide ou un symbole - il n'en est plus de même au début de notre ère et sa représentation obéit à des règles strictes, avec le corps vêtu du costume monastique et doté des signes physiques distinguant les êtres d'exception dans la tradition indienne. Les artistes puisent leur inspiration dans les épisodes de la vie de Buddha et dans celles des bodhisattva « êtres promis à l'éveil », êtres de pure compassion ayant renoncé au nirvâna, « l'extinction totale », pour sauver tous les êtres. Les bodhisattva sont représentés parés, richement vêtus et sont différenciés par leurs gestes, leurs attributs, leurs assistants ou encore leur coiffure.
L'art jaïn est très proche de l'art bouddhique dans la représentation des tîrthankara ou « faiseurs de gué », mais ceux-ci sont figurés dans une nudité totale, marque du renoncement le plus absolu à tout attachement matériel. Mahâvîra, au VIe siècle avant notre ère, est le dernier des 24 tîrthankara.
Enfin les représentations des divinités hindoues et tout particulièrement celles de la Triade - Brahmâ, le créateur, Vishnu, le conservateur et Shiva, le destructeur - ainsi que celles de leurs montures et des divinités secondaires, sont les plus nombreuses avec une prédominance de Vishnu, divinité d'élection des souverains gupta.
Les centres de Mathurâ et Sârnâth ne suffisant pas à satisfaire la demande, des centres secondaires virent le jour, utilisant les matériaux locaux et s'inspirant des modèles des deux grands centres.
L'exposition se prolonge par des sculptures en terre cuite, moins spectaculaires que celles en pierre mais dont les plus grandes servaient elles aussi à décorer les temples, et par des sculptures en métal. On dénombre à ce jour trente-deux œuvres métalliques de l'époque gupta dont vingt sept représentations de Buddha, quatre jaïnes et une seule hindouiste, sans que l'on sache pourquoi celles du Bouddha dominent. C'est donc une exposition non seulement très belle par les œuvres que l'on peut voir, mais aussi très instructive grâce à des panneaux et des cartels explicites et lisibles. Grand Palais 8e. Jusqu'au 25 juin 2007.
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