L’ÂGE D’OR
DE LA PEINTURE ANGLAISE
De Reynolds à Turner
Chefs-d’œuvre de la Tate Britain

Article publié dans la Lettre n°490 du 13 novembre 2019



 
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L’ÂGE D’OR DE LA PEINTURE ANGLAISE. De Reynolds à Turner. Chefs-d’œuvre de la Tate Britain. La National Gallery of British Art a prêté près de 70 œuvres réalisées par quelque 33 artistes pour la réalisation de cette exposition rendant compte de l’essor artistique et culturel intense de la Grande-Bretagne sous le long règne de George III (1760-1820). Elle s’ouvre en mettant face à face les peintres les plus connus de cette époque, Joshua Reynolds (1723-1792) et Thomas Gainsborough (1727-1788) qui s’imposent dans le domaine du portrait. Le premier établit sa renommée à Londres auprès d’une élite et flatte sa clientèle par un jeu de références savantes. Le second commence sa carrière en province auprès d’une clientèle plus modeste et insuffle la vie avec brio. Tous deux participent à la fondation, sur le modèle français, de la Royal Academy of Arts en 1768. Reynolds en devient le premier président. Si la critique de l’époque les opposait, ce dont ils ont certainement joué, les citations rapportées ici montrent qu’ils s’estimaient.
Cet art du portrait se répand dans une société devenue prospère grâce à l’Empire britannique. De nombreux peintres de talent comme Francis Cotes, Johan Zoffany, George Romney rivalisent et introduisent dans leurs portraits une incroyable variété. Après la mort de Gainsborough et de Reynolds, une nouvelle génération apparaît avec John Hoppner, William Beechey et surtout Thomas Lawrence, qui deviendra président de la Royal Academy en 1820.
Mais le portrait, hérité du siècle précédent, ne satisfait pas la nouvelle société qui lui préfère des tableaux mettant en scène la famille tout entière, comme dans ces « conversation pieces » inspirés de l’art hollandais. De même, les portraits en costume, comme ceux des enfants Crewe peints par Reynolds, qui brouillent la véritable identité sociale des modèles, connaissent un grand succès.
C’est aussi durant cette période que les peintres revalorisent les tableaux de paysage, un art mineur dans la hiérarchie de la peinture. La société de consommation qui apparaît à cette époque apprécie ces tableaux comme ceux qui étaient produits jusque-là en Flandre et en Hollande. L’aquarelle évolue elle-aussi et devient autonome du dessin. Les peintres de paysage, comme Turner, adoptent ce medium.
La prospérité de la Grande-Bretagne était due au commerce qu’elle entretenait avec ses colonies. Une section nous montre que les tableaux peints en Inde ou dans les Antilles diffèrent fort peu de ceux peints en Grande-Bretagne à part, de temps en temps, la présence de personnages indigènes. L’esclavagisme est totalement passé sous silence alors que les britanniques sont les principaux acteurs de la traite négrière au XVIIIe siècle.
L’exposition s’intéresse aussi à ce qu’était la peinture d’histoire à cette époque. Dans sa tradition académique, celle-ci n’intéressait personne en Grande-Bretagne, d’où la frustration des peintres dont beaucoup peinaient à assurer leur subsistance. Néanmoins un genre nouveau apparaît, s‘appuyant sur l’engouement du public pour le théâtre et la littérature. C’est ainsi qu’Henry Fuselly s’inspire de Shakespeare et de Milton et que Turner cherche à attirer l’attention du public avec des tableaux comme La Destruction de Sodome (1805), imité plus tard par John Martin avec La Destruction de Pompéi et d’Herculanum (1822). C’est sur ces œuvres ambitieuses et spectaculaires que se termine cette intéressante exposition dont on appréciera la scénographie. Musée du Luxembourg 8e. Jusqu’au 16 février 2020. Lien : www.museeduluxembourg.fr.


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