LE VOYAGE DE JAMES A JERUSALEM

Article publié dans la Lettre n° 225


LE VOYAGE DE JAMES A JERUSALEM. Film israélien de Ra’anan Alexandrowicz avec Siyabonga Melongisi Shibe, Arie Elias, Salim Daw (2003-couleurs-1h30).
Les intentions de James étaient des plus nobles. Futur pasteur en Afrique, son village l’a envoyé en pèlerinage à Jérusalem afin de rapporter quelques souvenirs édifiants de la Terre Sainte. Accusé dès son arrivée d’être venu en clandestin pour travailler, le voici incarcéré, dans l'attente d'être refoulé. Monsieur Shimi, un négrier moderne, venu s’approvisionner en main-d’oeuvre parmi les immigrés, le sort de prison, paie sa caution mais garde son passeport. Voici James embarqué dans la même aventure sordide que ses compagnons d’infortune entassés dans un galetas. Monsieur Shimi n’est autre que le roi de la Kombina, faisant son beurre sur le dos d'ouvriers bon marché et James un frayeu, ou pigeon, en hébreu. Inébranlable dans sa décision de se rendre à Jérusalem, malgré le reflet déconcertant que lui renvoie « le peuple élu », le jeune homme se met au travail pour rembourser la caution et récupérer son passeport. Cependant, le paradis de la consommation va quelque peu modifier ses principes, tout comme la réflexion du père de son employeur chez qui il travaille: « On ne s’enrichit pas en travaillant. Pour gagner de l’argent, tu dois faire travailler les autres ». A malin malin et demi, de frayeu, James va devenir à son tour le roi de la kombina, au nez et à la barbe de son patron et à la grande joie du vieil homme qui s’accroche à son taudis, convoité par les promoteurs, et que son fils veut lui faire vendre.
Ce portrait plutôt hallucinant d’une société israélienne que l’on ne soupçonnait pas, serait sujet à caution s’il n’était brossé par un israélien. Ra’anan Alexandrowicz suit l’adage: « Ici on se dévore entre nous » et fait de l’appât du gain un sport national où chacun cherche à flouer l’autre pour quelques billets de banque. La satire passe grâce à la légèreté avec laquelle sont conduites les mésaventures de James, à l’instar d’un roman picaresque, dont le héros est formidablement campé par le sud-africain Siyabonga Melongisi Shibe. Le visage angélique, il fait de James une sorte de Lazarillo débonnaire et généreux, montrant à travers ses aventures ce qu’il voit lui-même d’un regard surpris mais non accusateur, cet Israël, royaume du profit, tellement aux antipodes de ses idéaux d’autrefois, et qui a perdu son âme. James, lui, ne perdra pas la sienne, mais sa désillusion sera à la hauteur de l’estime qu’il portait à un monde désormais révolu.Trois salles dont UGC Ciné Cité Les Halles 1er (08.92.70.00.00). Lien: www.iddistribution.com/james/james.htm


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