SOUS LE SABLE

Article publié dans la Lettre n° 182


SOUS LE SABLE. Film français de François Ozon avec Charlotte Rampling, Bruno Cremer, Jacques Nolot (2000-couleurs-1h35).
Ce sont les vacances. Jean et Marie, la cinquantaine, partent pour les Landes rallier, comme chaque année, la maison familiale. Si Marie est enjouée et souriante, Jean semble plus réservé, presque taciturne. Ils ouvrent la maison, retirent les housses, font un feu dans la cheminée. Quelques phrases banales viennent briser de temps à autre le silence complice d’une vie commune de vingt-cinq ans. Dès le lendemain, ils prennent le chemin de la plage presque déserte. Pendant que Marie paresse sur le sable, Jean va se baigner. Au bout d’un moment, elle le cherche du regard, scrute l’horizon vide, interroge les rares baigneurs, parcourt la plage, en proie à l’angoisse puis à l’affolement. Sa raison la conduit vers le poste de secours puis à la gendarmerie, mais elle agit comme un automate. Au fond d’elle-même, elle sait peut-être déjà qu’elle ne le reverra plus mais elle refuse ce constat. Noyade, suicide, disparition volontaire n’ont aucun sens pour elle. Dans les mois qui suivent, elle s’installe dans une longue attente avec Jean. D’origine anglaise et professeur d’université, sans enfants, elle a greffé toute sa vie sur celle de son mari, il est irremplaçable. Pour elle il est là, elle le sent, elle le voit et lui parle. En fera-t-elle un jour le deuil?
De la part d’un jeune réalisateur, un tel scénario peut surprendre car il faut une grande maturité d’esprit pour aborder ce sujet avec autant d’intensité. L’analyse des sentiments et de l’évolution d’esprit de Marie est presque clinique tant elle est claire et précise. Il faut dire qu’il est servi par deux comédiens d’exception. Bruno Cremer dont la large silhouette et le regard bleu insondable remplissent l’écran de leur formidable présence. Charlotte Rampling, que l’on sent personnellement investie dans cette attente désespérée et ce refus de l’inéluctable. Les gros plans sur son visage permettent de saisir par la diversité de ses expressions l’étendue de son talent.


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