ROSENSTRASSE

Article publié dans la Lettre n° 230


ROSENSTRASSE. Film allemand de Margarethe von Trotta avec Katja Riemann, Maria Schrader, Martin Feifel, Jurgen Vogel, Doris Schade (2002-couleurs-2h15).
A New-York, Robert vient de décéder. Ruth, sa veuve, décrète, selon la tradition juive, un deuil d’une semaine, avant de se murer dans le silence, à la surprise de ses enfants Ben et Hannah. Leur père n’était pas croyant à ce point. Il avait même accueilli avec bienveillance Luis, l’ami nicaraguayen de sa fille, bénissant une union que Ruth refuse. Devant l’insistance et le mutisme de sa mère, Hannah s’interroge. Elle sait au fond peu de choses sur le passé de celle-ci, sur son enfance à Berlin, la guerre et sa venue aux Etats-Unis, recueillie par une tante. Rachel, la cousine de Ruth, est d’ailleurs venue à la veillée. Hannah la questionne. Elle lui répond que Ruth a été l’une des nombreux enfants juifs a avoir été séparée de sa mère et qu’elle a survécu avec cette blessure indélébile. Hannah décide d’en savoir davantage et se rend en Allemagne. Elle y apprend qu’en 1943, la moitié des juifs vivait à Berlin. De nombreuses unions mixtes avaient été célébrées depuis des années. A cette époque, le Reich avait instamment demandé à ces couples de divorcer et de renier leur conjoint juif. Si beaucoup d’hommes avaient cédé, la plupart du temps à cause de leur position sociale, les femmes aryennes avaient refusé. C’était le cas de Klara, fille de baron et pianiste, mariée depuis dix ans malgré l’opposition de ses parents à Fabien, violoniste juif. Lorsqu’elle avait vu son mari arrêté et incarcéré dans l’immeuble de la Rosenstrasse avant d’être déporté, elle s’était rendue sur les lieux, comme toutes les autres femmes, afin de réclamer son mari. Au pied de l’immeuble, ce rassemblement féminin qui scandait: «Je veux que vous me rendiez mon homme» ne manifestait pas en faveur des juifs mais lançait un cri au nom de l’amour et de la fidélité. Miriam Sussman n’avait pas eu cette chance. Son mari avait divorcé deux ans plus tôt, la laissant seule avec Ruth, âgée de huit ans. Incarcérée, elle avait vite compris ce que serait son destin mais se demandait avec angoisse quel serait celui de sa fille qu’elle était parvenue à soustraire à l’arrestation. Devant l’immeuble de la Rosenstrasse, Ruth, attendant sa mère, se liait d’amitié avec Klara qui allait s’occuper d’elle avant que sa tante ne la réclame trois ans plus tard.
Après Les années de plomb en 1981 et Anniversaire, film de télévision, Margarethe von Trotta retrace une fois de plus les années noires du nazisme. Elle dévoile avec ce film un pan méconnu de l’histoire qui a vu la vie commune de tant de couples mixtes s’interrompre brutalement, laissant souvent derrière eux des enfants désemparés. A travers la vie de Ruth, c’est le destin dramatique de ces familles qu’elle raconte avec une certaine lenteur, due en partie aux nombreux allers-retours entre présent et passé. Mais ne faut-il pas savoir s’arrêter un peu lourdement sur certains faits pour amener à une meilleure réflexion? Lien: www.cinecinema.fr/ds_les_salles/fiches/fiche_technique.html?id_fiche=65


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