PRINTEMPS, ETE, AUTOMNE, HIVER
ET ... PRINTEMPS

Article publié dans la Lettre n° 228


PRINTEMPS, ETE, AUTOMNE, HIVER ET...PRINTEMPS. Film coréen de Kim Ki-duk avec Oh Young-su, Kim Ki -duk, Kim Young-min (2003-couleurs-1h45).
A l’écart du monde, isolé au pied des montagnes, se love un lac, miroir sur lequel est posée une pagode en son milieu. Pas de pont. On y accède grâce à une barque amarrée à la rive, près d’une grande porte en bois sculpté à deux battants, libre de tout enclos. A l’intérieur de la maison flottante, un moine et son très jeune disciple dorment. Un chien s’ébroue sur le ponton. C’est le printemps, l’éclosion d’une nouvelle vie pour la nature, l’apprentissage de celle-ci pour l’enfant. Son maître le regarde vivre, l’observe, le laisse évoluer en toute liberté, le prévient des dangers, mais ne lui interdit rien. Le mal qu’il fait aux animaux, il le châtie pour que le petit comprenne et réfléchisse sur son acte. Le temps passe. Un coq a remplacé le chien. L’enfant est devenu adolescent. L’été apporte l’éveil à l’amour et à la sexualité avec la venue d’une jeune fille souffrante. Lorsqu’elle repartira guérie, le jeune homme amoureux la suivra, malgré la mise en garde du maître: « la luxure entraîne le désir de posséder qui peut entraîner l’envie de tuer ». Le maître retourne à sa solitude et vieillit doucement. Un chat a remplacé le coq. L’automne ramène l’adolescent d’autrefois, devenu un adulte fautif en fuite. La colère s’est emparée de son corps et de son coeur. Il ne veut plus vivre mais son maître empêche le geste fatal car il n’a pas assez vécu et doit surtout évacuer sa fureur. La loi vient chercher le fugitif qui doit expier sa faute aux yeux des hommes. Seul de nouveau, le maître est devenu vieux. L’hiver est là et avec lui le temps de fermer sa porte au monde, sa vie remplie. Son disciple reviendra, dans toute sa maturité, réveillant la maison de son maître. Le printemps revient. Sur le ponton de la maison flottante, un petit enfant joue avec une tortue. Le disciple, devenu maître, le regarde vivre, l’observe, le laisse évoluer en toute liberté, le prévient des dangers, mais ne lui interdit rien...
Il est difficile de rester indifférent face à cette oeuvre d’art éblouissante, pourtant aux antipodes de notre culture judéo-chrétienne. Hypnotisé par l’esthétisme des images, émerveillé par la mise en oeuvre de ce cycle des saisons qui représente tout simplement le déroulement d’une vie, faite de joies, de peines, et d’un destin qu’il faut vivre le mieux et le plus honnêtement possible, on tente de comprendre les fondements d’une philosophie millénaire qui nous est étrangère mais dont Kim Ki-duk nous laisse soupçonner toute la profondeur et la complexité. Lien: www.commeaucinema.com/sitesphp.php3?site=25669


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