LES MONDES PARALLÈLES

Article publié dans la Lettre n° 498
du 4 mars 2020


 

LES MONDES PARALLÈLES. Film d’animation de Yuhei Sakuragi (2019 - Japon - couleur - 1h20).
Yuhei Sakuragi, dont c’est le premier long métrage, a l’impression que le Japon fonctionne aujourd’hui de manière automatique, sans originalité, comme s’il peinait à trouver un objectif vers lequel avancer. Il a donc imaginé une histoire où un jeune serait confronté à un autre lui-même venu d’un monde parallèle où la dictature comme forme de gouvernance serait légitimée.
C’est à partir de cette idée que ce réalisateur a conçu ce film qui met en scène Shin et Kotori, un lycéen et une lycéenne, amis d’enfance, qui vivent à Tokyo. Shin est orphelin de mère et son père est le directeur du centre de recherche en machines spéciales de l’entreprise Izumi, dirigée par le père de Kotori. Un jour Shin rencontre son parfait sosie, un garçon nommé Jin qui prétend venir d’un monde parallèle sur lequel règne une princesse malfaisante. Sa mission est de trouver le double de cette princesse et de l’anéantir pour sauver les siens. Shin est bouleversé quand il découvre que le double en question ressemble à Kotori, sa propre amie.
À partir de là, l’histoire se développe en faisant intervenir de nombreux personnages, aussi bien des humains que des humanoïdes doués de pouvoirs extraordinaires. Nous naviguons d’un monde à l’autre, totalement différents, thèse et antithèse de la démocratie et du bonheur de vivre, comme si Yuhei Sakuragi voulait nous montrer les avantages d’un système sur l’autre. On pense immédiatement à l’exemple des deux Corées, tout proche du Japon, et à bien d’autres pays qui ont fait le « choix » de tel ou tel système de gouvernance.
Mais ce n’est pas le principal intérêt de ce film. Celui-ci nous tient en haleine avec ses personnages d’une grande véracité émotionnelle et ses séquences dignes des mangas les plus fous. En effet à côté de scènes banales comme celles de la vie à Tokyo de nos jours, nous avons des combats spectaculaires où s’affrontent aussi bien sur le sol que dans les airs des humains et des machines terrifiantes.
Sur le plan de la réalisation, la principale originalité de ce film est d’avoir utilisé l’intelligence artificielle et la technique de la motion capture afin d’offrir des mouvements d’une grande délicatesse pour les scènes de la vie quotidienne. Les mouvements des vêtements, des cheveux et des yeux sont très réalistes et donnent de la crédibilité à ces scènes.
Un film captivant qui témoigne une nouvelle fois de la maîtrise du Japon en matière de cinéma d’animation de qualité. R.P. En salles à partir du 18 mars 2020.


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