LIAM

Article publié dans la Lettre n° 186


LIAM. Film anglais de Stephen Frears avec Ian Hurt, Claire Hackett, Anthony Borrows (couleurs-2000-1h30).
La crise économique des années 30 s’abat de plein fouet sur Liverpool où beaucoup d’irlandais ont immigré et avec eux la religion catholique. Les unes après les autres, les usines ferment leurs portes. Au port, les dockers sont également touchés. L’un d’eux, père de trois enfants, se voit mis à pied du jour au lendemain. Ses efforts pour retrouver du travail restant vains, il se laisse gagner par la colère puis par la haine contre les irlandais qui sont venus prendre leur travail et les juifs qui tiennent le haut du pavé. La montée du fascisme va l’inciter à en suivre les idées et les actes, avec toutes les conséquences tragiques qu’impose une époque particulièrement dramatique. Liam, sept ans, est le petit dernier de la famille après Teresa, sa soeur de douze ans, placée comme bonne dans une famille juive et Con, l’aîné, qui rapporte par son travail le minimum vital. Liam contemple de ses yeux incrédules et effarés le désastre qui peu à peu s’abat sur son foyer où il était si heureux et juge selon ce que lui disent ses parents, son institutrice et le curé qui s’apprête à lui donner sa première communion.
Stephen Frears s’est toujours intéressé à la vie sociale de son pays ou de l'Irlande, comme le témoignent entre autres, My Beautiful Laundrette et The Snapper. Après une incursion pas très heureuse en Amérique, il revient à ses premières amours, cette réalisation plus intimiste où il excelle. Il a construit son film à partir d’un scénario de Jimmy Mac Govern qui est avant tout un récit autobiographique. A travers le regard de Liam, c’est sa propre enfance que Jimmy raconte, le milieu dans lequel il a grandi. Stephen Frears a filmé avec bonheur cette fresque tragique et réaliste décrite par le scénariste. Il montre avec lucidité les difficultés de vivre de la classe ouvrière et dénonce avec force l’emprise de la religion sur les gens simples et les ravages qu’elle pouvait commettre sur l’esprit si malléable et impressionnable des enfants. Si Ian Hurt est excellent dans le rôle du père, Anthony Borrows est bouleversant de simplicité et de justesse dans celui du jeune Liam et l’on garde longtemps en mémoire le regard intelligent, lucide et tellement expressif qu’il porte sur le monde qui l’entoure.


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