DEPUIS QU'OTAR EST PARTI

Article publié dans la Lettre n° 217


DEPUIS QU’OTAR EST PARTI. Film français de Julie Bertuccelli avec Esther Gorintin, Nino Khomassouridze, Dinara Droukarova (2003-couleurs-1h40).
Depuis qu’Otar est parti...sa mère Eka attend une lettre ou un coup de téléphone de ce fils médecin, qu’elle chérit plus que sa fille, parti tenter sa chance en France. La France, terre d’asile et de liberté, dont elle parle couramment la langue grâce à son père qui, amoureux de ce pays, faisait venir des livres de Paris. Elle et sa petite-fille Ada s’expriment d’ailleurs le plus souvent dans cette langue. Elles ont bien besoin de l’aide financière d’Otar. La vie est dure à Tbilissi. Fervente admiratrice de Staline, Eka voit d’un fort mauvais oeil les changements politiques qui frappent la Géorgie. « Si stalinienne veut dire honnête, patriote, altruiste, alors oui, je suis stalinienne et fière de l’être » se plaît-elle à dire. Elle se heurte souvent à Marina qui, elle, a perdu son mari en Afghanistan. Même si une tendre affection lie la mère et la fille, Ada est bien souvent obligée de calmer les humeurs. Un jour, arrive la nouvelle, celle qu’elles n’attendaient pas et qui fait l’effet d’une bombe: l’accident et le décès d’Otar. Marina et Ada sont anéanties. Comment annoncer cette mort à Eka? La mère et la fille décident de lui cacher cette tragédie qui pourrait la tuer. Commencent alors pour elles l’engrenage infernal du mensonge, la rédaction de fausses lettres avec de fausses bonnes nouvelles, les questions d’Eka aussi difficiles à gérer que la visite surprise du camarade d’Otar venu rapporter les effets du disparu. Les nouvelles de son fils se faisant plus rares, Eka profite d’une absence de Marina et d’Ada pour vendre la bibliothèque de son père et acheter trois billets d’avion pour la France. A leur retour, Marina et Ada ne peuvent que constater l’ampleur du problème lorsque leur ultime espoir s’évanouit: la grand-mère a aussi les visas pourtant si difficiles à obtenir!
A l’instar de Good Bye Lenin!, ce film est une oeuvre sur un pieux mensonge pour ménager une personne aimée. Leur lien ne s’arrête pas là puisque l’argument a lieu dans deux pays de l’Est, diablement secoués depuis la chute du Mur.
Julie Bertuccelli réalise avec ce premier long métrage un très joli portrait plein de charme et de sensibilité de trois générations de femmes qui toutes les trois souffrent de manière différente de leurs conditions de vie. Les comédiennes sont aussi authentiques que l’histoire dont elle est inspirée. Esther Gorintin, 90 ans, reste cependant la plus éblouissante. Lien: www.cinecinema.fr/ds_les_salles/fiches/fiche_technique.html?id_fiche=32


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