CONFIDENCES TROP INTIMES

Article publié dans la Lettre n° 225


CONFIDENCES TROP INTIMES. Film français de Patrice Leconte avec Fabrice Luchini, Sandrine Bonnaire, Michel Duchaussoy, Anne Brochet (2003-couleurs-1h45).
Le béret jusqu’aux sourcils, habillée à la hâte, malgré son emploi de vendeuse chez Lancel, Ana est en plein désarroi. Elle vient confier ses problèmes de couple chez un psychanalyste. Ce premier rendez-vous la trouble tellement qu’elle se trompe de porte et s’installe dans le cabinet de William Faber, paisible conseiller fiscal, séparé de sa femme, dont l’horizon se borne au vieux bureau hérité de son père, aux disques en vinyle, et à son plateau télé. Comprenant au bout de quelques instants la méprise d’Ana, il ne parvient pourtant pas à lui en faire part, débordé par le débit saccadé, entrecoupé de sanglots, de la jeune femme. Médusé, il l’écoute et accepte même un deuxième rendez-vous sans s’expliquer pourquoi. Celui-ci est aussi désarçonnant que le premier et William ne parvient toujours pas à détromper Ana. Lorsque le troisième rendez-vous arrive, il se surprend à attendre avec impatience mais elle ne vient pas. Déconcerté, notre conseiller ne peut espérer la revoir que si elle franchit le pas. Entre temps, Ana a fini par comprendre son erreur et revient chez lui dans l'intention de lui faire une scène. Mais il est trop tard. Pour l'un comme pour l'autre, ces entrevues sont devenues indispensables.
Cette histoire toute simple aurait difficilement matière à un long métrage d’une heure quarante sans le talent d’un réalisateur qui cette fois-ci se surpasse. A mesure que les rendez-vous de William et d’Ana se succèdent, un changement physique et psychologique s’opère. En se livrant, Ana se reconstruit, en l’écoutant William, amoureux incompris, devient mélancolique et tombe dans la déprime. Capable du meilleur comme du pire, Patrice Leconte nous offre enfin l'oeuvre d’exception que l'on attendait depuis Monsieur Hire. Rien n’est laissé au hasard. Chaque dialogue et chaque scène ont leur importance et s’agencent formidablement bien dans l’évolution du scénario. Tous les rôles, jusqu’au plus petit, sont dessinés avec un soin extrême. La concierge hypnotisée par sa série TV débile. Le patient claustrophobe qui doit apprendre à monter en ascenseur. La secrétaire, aux silences réprobateurs, décontenancée par la transformation de son conseiller fiscal de patron. Le personnage pittoresque du psychanalyste. L’ex-femme de William un peu paumée, le mari cinglé d’Ana, tous revêtent une importance capitale car ils viennent étoffer leurs tête-à tête avec humour et émotion. Une oeuvre intimiste, particulièrement réussie, grâce à une mise en scène resserrée, à des prises de vue très précises, à des dialogues efficaces et à une interprétation exceptionnelle de tous les comédiens, avec en tête, Sandrine Bonnaire, lumineuse, qui fait magnifiquement évoluer son personnage, et Fabrice Luchini, d’une parfaite sobriété, qui n’a que son visage pour exprimer tous ses sentiments. « C’est énôrme », pour reprendre l’une de ses expressions favorites. Nombreuses salles dont UGC George V 8e (08.92.70.00.00). Lien: www.marsdistribution.com/fiche_film_gen_cfilm=48208.html


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