LA CHUTE

Article publié dans la Lettre n° 237


LA CHUTE. Film allemand d’Olivier Hirschbiegel avec Bruno Ganz, Alexandra Maria Lara, Corinna Harfouch, Ulrich Matthes, Juliane Köhler (2004-couleurs-2h30).
En novembre 1942, en pleine nuit, Adolf Hitler recrute une secrétaire de vingt-deux ans, Traudl Junge. Celle-ci ne sait pas encore qu’elle accompagnera le Fürher, jusqu'à la fin, dans son bunker.
Le 20 avril 45, Berlin est prise sous le feu de l’artillerie russe. A douze kilomètres du centre, celle-ci avance vers la ville encore pleine de ses trois millions d’habitants et l’enserre peu à peu comme un étau, obligeant Hitler à se retrancher dans le bunker de la chancellerie. Entouré de ses généraux, de ses fidèles et de ses proches, tour à tour attentionné, mielleux, nerveux ou furieux, il alterne compliments et admonestations, refusant de capituler malgré les conseils répétés. Tandis que Berlin devient l’antichambre de la mort où s’entassent pêle-mêle militaires, civils et blessés dans les quelques hôpitaux restés debout, l’atmosphère du bunker devient de plus en plus tragique. Humain ou monstrueux, Hitler épargne les uns, fait fusiller les autres et paranoïaque, s’enferme peu à peu dans une voie sans issue, celle du suicide dans lequel il inclut son propre pays. A ceux qui le supplient de capituler, au nom de la nation, il réplique: « Si la guerre est perdue, peu m’importe que le peuple périsse. Il ne mérite pas mieux... Ceux qui survivront seront des médiocres ». Plus la partie semble perdue, plus il règne dans le bunker une ambiance de fin d’un monde où les fêtes organisées par Eva Braun tentent d’apaiser l’angoisse et de vaincre l’apathie. Goebbels et sa femme Magda les rejoignent avec leurs six enfants. Pour cette dernière, fanatisée, il n’y a pas d’avenir sans le national socialisme. Le moment venu, elle n’hésite pas à empoisonner l’un après l’autre ses six enfants avant de se suicider avec son mari. Hitler, de plus en plus isolé, vocifère et s’accroche à un dernier espoir: Wenk et sa neuvième colonne, puis c’est la fin. Il épouse Eva Braun avant de se donner la mort avec elle le 30 avril, bientôt suivis par Goebbels et sa femme. Son dernier ordre, celui de brûler leurs corps afin qu’ils ne soient pas exposés aux yeux du monde, est exécuté.
Le 7 mai 1945, à minuit, avec la fin de la guerre, le monde compte cinquante millions de morts et l’extermination de six millions de juifs. Traudl Junge a fui le bunker et Berlin. Elle a survécu et transcrit les souvenirs de ce dernier mois d’avril dans un livre. C’est ce livre, ainsi que celui de l’historien Joachim Fest, qui ont servi de base à Olivier Hirschbiegel pour réaliser la Chute. Choisissant le réalisme et un souci de vérité historique, son film ne fait pas l’unanimité mais il a toutefois le mérite de lever un voile authentique sur la fin d’un tyran qu’il montre dans toute sa férocité. Bruno Ganz a la lourde tâche d’endosser le rôle d’Hitler. Il passe de l’humanité à l’inhumanité avec un formidable talent.
Lors d’une interview en 1983 et face au nombre de juifs exterminés, Traudl Junge, comme pour excuser son aveuglement d’alors, prononça ces simples mots:« La jeunesse n’est pas une excuse, on aurait du s’enquérir de certaines choses». Lien: www.tfmdistribution.fr/lachute


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